Deux soldats israéliens se servant d'une application routière pour circuler en Cisjordanie occupée se sont retrouvés par erreur dans un camp de réfugiés palestiniens, déclenchant de violents heurts qui ont fait un mort palestinien et une quinzaine de blessés mardi avant l'aube.

Les deux soldats sont entrés en jeep lundi peu avant minuit dans le guêpier du camp de Qalandya, ont indiqué l'armée et la police israéliennes.

Cette incursion a aussitôt provoqué des violences, qui se sont poursuivies plusieurs heures dans la nuit quand les forces israéliennes ont lancé une vaste opération pour extraire les deux militaires et empêcher un éventuel lynchage.

Les deux soldats ont fini par être récupérés sains et saufs. Mais un Palestinien a été tué et dix autres blessés, ont indiqué les autorités palestiniennes. Côté israélien, cinq gardes-frontières ont été blessés dont un sérieusement, a dit la police.

Ces évènements ont immédiatement soulevé une multitude de questions sur le rôle qu'aurait joué l'application à succès Waze et sur les rapports entre les soldats d'une armée réputée la plus avancée technologiquement dans la région et les nouveaux outils de circulation et de communication.

Les soldats fourvoyés «ont apparemment utilisé Waze, qui leur a donné un raccourci de Jérusalem à Ramallah», a dit le ministre de la Défense Moshé Yaalon, cité par son bureau. Une enquête devra dire comment les soldats se sont retrouvés dans cette nasse, a dit l'armée.

Un certain degré de prudence

Waze, rachetée en 2013 par le géant Google, a décliné toute responsabilité. Les deux soldats ont délibérément désactivé un paramètre qui les aurait tenus à l'écart du danger, mais ont en plus ignoré le trajet suggéré par Waze et les panneaux interdisant aux Israéliens d'entrer dans cette zone sous contrôle palestinien, a dit un porte-parole à l'AFP.

«Au bout du compte, c'est au conducteur de faire preuve d'un certain degré de prudence», a dit Waze, déjà confronté à différentes controverses dans le monde.

La jeep a été attaquée à coups de pierres et de bouteilles incendiaires aussitôt entrée dans le camp, véritable petite ville aux ruelles étroites tout près de Jérusalem, mais de l'autre côté du mur de béton construit par Israël et censé protéger les Israéliens des attentats venus de Cisjordanie, a expliqué le porte-parole de l'armée, le général Moti Almoz.

Les deux soldats ont dû abandonner leur véhicule en flammes, a-t-il dit. L'un d'eux s'est caché dans la cour d'une maison et a tiré pour se défendre et signaler sa position, tandis que le second s'est enfui vers une colonie israélienne proche.

Les deux hommes ont été exfiltrés indemnes, mais l'arrivée de renforts massifs a provoqué de nouveaux affrontements. Des Palestiniens ont lancé des engins explosifs et tiré à l'arme à feu sur les soldats israéliens qui ont riposté, a dit la porte-parole de la police.

Des milliers de Palestiniens ont suivi mardi aux cris de vengeance les funérailles d'Iyad Omar Sajdia, étudiant en journalisme de 22 ans enroulé dans le drapeau palestinien. Son sang maculait encore le bâtiment sur le toit duquel il a été tué.

Se servir d'une carte

«L'armée israélienne a pris le camp d'assaut avec des forces innombrables», a rapporté son père, Omar, auprès de l'AFP, «pour décrire la situation, vous pouvez parler de guerre».

«À deux heures du matin, on a frappé à ma porte. C'était mon voisin, venu exprimer son respect. Je lui ai demandé qui était mort. Il m'a dit que mon fils Iyad était tombé en martyr».

Qalandya est le théâtre d'affrontements fréquents. Onze mille réfugiés ayant fui leurs villages à la création de l'État d'Israël en 1948 s'entassent dans ce camp devenu une ville au pied du mur de séparation, selon l'ONU.

L'entrée par erreur des soldats à Qalandya a soulevé des interrogations au sein de l'armée.

«Il faut vérifier qui les a envoyés en mission, ce qu'ils savaient et ce qu'ils ne savaient pas, et que faire, quand, à l'époque moderne, c'est Waze qui vous montre le chemin», a dit le ministre de la Défense.

«J'ai appris il y a longtemps, quand le GPS est entré en service, qu'il ne faut pas oublier comment on se sert d'une carte, qu'il faut surtout connaître son environnement», a-t-il ajouté.

Les territoires palestiniens, Jérusalem et Israël sont en proie depuis le 1er octobre à des violences qui ont fait 178 morts palestiniens, 28 israéliens, un Américain, un Érythréen et un Soudanais, selon un décompte de l'AFP.