Le premier ministre de la Jordanie a prévenu qu'il serait « très, très difficile » pour son pays de continuer d'absorber l'afflux de réfugiés syriens sans une aide économique significative et un plus grand accès aux marchés européens.

Abdullah Ensour a fait ces commentaires inhabituellement directs samedi, lors d'une visite au camp de réfugiés d'Azraq, alors que se prépare une conférence sur la Syrie où seront demandés près de neuf milliards $ US pour atténuer les effets de la guerre civile syrienne sur les pays voisins.

Le conflit a forcé le déplacement de millions de Syriens, dont plus de quatre millions qui ont carrément dû quitter le pays. La plupart d'entre eux se sont rendus dans les pays à proximité, dont la Jordanie, qui en a reçu environ 630 000.

Les conditions qui se détériorent dans ces pays - en raison du manque de ressources - ont amené plusieurs migrants à fuir plus loin vers l'Europe.

La prochaine conférence humanitaire pour la Syrie, à Londres, tentera de trouver des moyens de garder les migrants dans la région, notamment en les faisant travailler pour qu'ils dépendent moins de l'aide fournie par les pays d'accueil. Actuellement, la plupart d'entre eux ne peuvent travailler légalement en Jordanie et au Liban - où le taux de chômage est généralement élevé.

M. Ensour a laissé entendre que son pays pourrait changer ses politiques. Il a précisé que la Jordanie continuerait d'ouvrir ses frontières, mais que « les autres devaient aider pour (que le pays) puisse aider les Syriens » - et cela ne se résume pas simplement à envoyer de l'argent, a-t-il signalé.

« Je veux qu'ils aident l'économie dans son ensemble, aider le budget, aider pour l'exportation... des produits parce que ces gens (les Syriens) doivent être inclus dans les industries et après, elles doivent vendre ailleurs », a-t-il expliqué.

La Jordanie et le Liban ont déjà resserré les contrôles aux frontières dans les derniers mois.