Le président iranien Hassan Rouhani a critiqué l'emprise du camp conservateur sur le puissant organisme de l'État chargé de superviser les élections, qui vient de rejeter 99 % des candidats du camp réformiste aux législatives du 26 février.

«On l'appelle la Maison de la Nation, non pas la maison d'une seule faction», a déclaré M. Rohani en s'exprimant à Téhéran devant un parterre de gouverneurs.

Il faisait référence au Conseil des Gardiens de la Constitution, qui a déjà rejeté environ 60 % des candidatures, toutes tendances confondues.

«Nous devons créer de l'espoir, de l'enthousiasme et de la concurrence», a souligné M. Rohani. «S'il n'y a qu'une faction et que l'autre n'est pas là, ils n'ont pas besoin des élections du 26 février, ils vont au Parlement», a ironiquement ajouté le religieux modéré.

«Aucun responsable ne serait légitime s'il n'a pas été élu par le vote du peuple», a-t-il insisté.

Les propos du président Rohani reflètent les tensions autour des élections entre les camps conservateur et réformiste, notamment après la levée des sanctions internationales imposées à l'Iran avec l'entrée en vigueur la semaine dernière de l'accord sur le programme nucléaire iranien conclu en juillet entre Téhéran et les grandes puissances.

Environ 60 % des candidats inscrits pour les législatives ont été rejetés, et seul 1 % des personnalités du camp réformateur ou critiques du pouvoir vont pouvoir se présenter, selon les médias iraniens.

«Sur 3000 candidats réformateurs sur l'ensemble du pays, seuls 30 ont été approuvés, soit 1 % seulement», avait protesté Hossein Marachi, un responsable réformateur.

M. Rohani avait lui déclaré qu'il «utiliserait ses pouvoirs en tant que président» pour tenter de faire changer la position du Conseil des Gardiens de la Constitution.

Les candidats rejetés peuvent faire appel et le Conseil publiera la liste définitive le 4 février.

«Les exécutants et observateurs devraient veiller au respect du cadre de la loi», a souligné le président, illustrant le contraste entre la représentation au Parlement des minorités et l'exclusion de groupes plus importants.

«Combien de personnes, combien de milliers (de personnes) suivent la religion de Moïse dans ce pays?», demande-t-il en référence au seul siège alloué à la communauté juive au Parlement.

Les communautés chrétienne, arménienne et zoroastrienne sont également représentées au Parlement.

«Ils comptent 10 000 ou 20 000» âmes, a souligné le président Rohani. «Or il existe une faction dans ce pays qui compte 7 à 10 millions» de personnes, a-t-il souligné en allusion aux réformistes, sous les applaudissements frénétiques de l'audience.