La soeur aînée du blogueur saoudien Raif Badawi, Samar Badawi, a été remise en liberté mercredi après avoir été arrêtée et emprisonnée la veille pour avoir utilisé le compte Twitter de son ex-mari, Waleed Abu al-Khair.

Waleed Abu al-Khair, lui-même un militant pour les droits de la personne qui est emprisonné en Arabie saoudite, est l'avocat de Raif Badawi.

Les autorités saoudiennes reprochent à Samar Badawi d'avoir publié une photo de de son ex-mari de l'intérieur de la prison.

Le couple, qui a un enfant, a apparemment été obligé de divorcer sous la pression des autorités, après l'arrestation de Waleed Abu al-Khair.

Samar Badawi a été détenue à la prison centrale de Dharan où sont aussi emprisonnés Raif Badawi et Waleed Abu al-Khair.

«Ça s'inscrit dans l'espèce de campagne d'intimidation qui a lieu envers les quelques rares défenseurs de droits humains qui osent travailler de la sorte en Arabie saoudite», a indiqué la coordonnatrice d'Amnistie Internationale à Sherbrooke, Mireille Elchacar, en entrevue avec La Presse Canadienne.

Elle a précisé qu'aucune information n'a encore filtré sur les circonstances de sa remise en liberté.

«On ne sait pas si c'est accompagné de conditions ou quoi que ce soit, ou si elle doit revenir comparaître par la suite. On cherche à obtenir des confirmations pour l'instant», a-t-elle dit.

«La justice saoudienne fonctionne de manière assez arbitraire et opaque, donc on a du mal à avoir des informations et, évidemment à savoir quel sera leur prochain geste», a souligné Mme Elchacar, qui est proche de l'épouse de Raif Badawi, Ensaf Haidar, et ses enfants, qui résident à Sherbrooke.

Samar Badawi, qui milite elle-même en faveur des droits des femmes en Arabie saoudite, a été récipiendaire en 2012 d'un prix de l'International Women of Courage Awards remis par le département d'État américain pour son travail en faveur de l'égalité des femmes en Arabie saoudite, distinction reçue des mains de l'épouse du président, Michelle Obama, et de l'ancienne secrétaire d'État et candidate aux primaires du Parti démocrate, Hillary Clinton.

Elle n'en est pas à ses premiers démêlés avec la justice saoudienne.

«Elle milite depuis longtemps pour les droits des femmes en Arabie saoudite. Elle avait déjà été interpellée par la justice; elle était censée aller à une rencontre de droits humains à Genève l'an dernier et on lui a interdit de sortir du pays. L'interdiction de sortir du pays pèse toujours sur elle», a dit Mme Elchacar.

Le frère de Samar Badawi, Raif, purge actuellement une peine de prison de 10 ans et a été condamné à 1000 coups de fouet pour sa critique des dirigeants religieux saoudiens. Il est incarcéré depuis juin 2012 et a reçu il y a un an ses premiers 50 coups de fouet, mais ce châtiment a été interrompu par la suite pour des raisons de santé. Il est révisé sur une base hebdomadaire.