Les forces afghanes ont tué lundi soir des insurgés retranchés dans un bâtiment proche du consulat indien de Mazar-i-Sharif (nord) qu'ils avaient tenté, en vain, d'envahir au cours de la deuxième attaque contre des intérêts indiens en trois jours.

En Inde, au même moment, s'achevait un assaut sanglant qui a duré tout le week-end contre une base militaire, revendiqué par un groupe pakistanais.

Ces deux attaques contre des intérêts indiens interviennent une dizaine de jours après une visite en Afghanistan puis au Pakistan du premier ministre indien Narendra Modi, et semblent viser à mettre à mal les efforts de rapprochement de New Delhi avec Islamabad.

La situation sécuritaire en Afghanistan, déjà gravement mise à mal par une série d'attentats des rebelles talibans, était encore fragilisée par deux attentats à la voiture piégée survenus lundi près de l'aéroport de Kaboul. Dans une première attaque, lundi matin, «seul le kamikaze a été tué», selon le ministère afghan de l'Intérieur.

Les talibans n'ont pas revendiqué cet attentat. Ils ont en revanche endossé la responsabilité d'un second attentat au camion piégé qui a visé un complexe où sont basés des sous-traitants civils étrangers. Au moins 30 personnes ont été blessées, selon le ministère de la Santé.

D'après le capitaine Jeff Davis, un porte-parole du Pentagone, l'attaque a endommagé un mur d'enceinte du complexe nommé Camp Sullivan et a blessé «plusieurs personnes», mais aucun soldat de l'OTAN.

Plus au nord, à Mazar-i-Sharif, police et armée sont parvenues dans la soirée à mettre fin au siège par des hommes armés d'un bâtiment proche du consulat indien, entamé 25 heures plus tôt.

«Les trois assaillants ont été tués», a précisé Shir Jan Durrani, porte-parole du gouverneur de Balkh, dont Mazar-i-Sharif est le chef-lieu.

Dans la matinée, les forces afghanes avaient commencé leur opération destinée à reprendre la maison aux insurgés qui s'y étaient retranchés dimanche après avoir tenté, en vain, de prendre d'assaut le consulat d'Inde.

Tout au long de la journée de lundi, les assaillants et les forces de l'ordre ont échangé des tirs et un policier a été tué.

Cette attaque n'a pas été revendiquée, mais la présence indienne en Afghanistan est fréquemment prise pour cible.

Les experts ont souvent souligné le risque d'une guerre par procuration en Afghanistan entre l'Inde, soutien du régime de Kaboul, et le Pakistan, parrain historique des talibans.

Les deux rivaux nucléaires ont annoncé la reprise de pourparlers, et leurs premiers ministres se sont rencontrés informellement le jour de Noël, le premier déplacement en plus de 10 ans d'un chef de gouvernement indien au Pakistan.

Le Cachemire en toile de fond

Mais ces efforts de rapprochement sont en péril après l'attaque spectaculaire d'une base aérienne dans le nord de l'Inde, lancée samedi.

L'attaque a été revendiquée par le Concile unifié du Jihad, une coalition de groupes islamistes propakistanais combattant au Cachemire, région himalayenne que se disputent l'Inde et le Pakistan.

Les soldats indiens, épaulés par des hélicoptères, inspectaient lundi la base de Pathankot située dans l'État du Penjab, afin de la «nettoyer» de tout insurgé, selon un porte-parole.

Au total, sept militaires et quatre assaillants sont morts dans cette attaque, rare, lancée samedi vers 3 h 30 (17 h vendredi, heure de Montréal). «Un cinquième terroriste» a été tué, a annoncé lundi un autre haut responsable des services de sécurité.

«Le ratissage et les opérations de recherches se poursuivent», a-t-il dit.

La base se trouve à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec le Pakistan et tout près du Cachemire.

L'armée indienne avait dans un premier temps annoncé samedi avoir repris le contrôle de sa base, mais dimanche les militaires ont essuyé des tirs pendant des opérations de déminage.

Les États-Unis ont dénoncé une attaque «abominable», appelant les «pays de la région à travailler ensemble (...) pour démanteler les réseaux terroristes».

Depuis leur indépendance du Royaume-Uni en 1947, l'Inde et le Pakistan se sont livré deux guerres pour le Cachemire, dont chaque pays occupe une partie et dont les deux revendiquent le contrôle total.

L'Inde accuse régulièrement l'armée pakistanaise d'effectuer des tirs de couverture pour les rebelles qui infiltrent la frontière et organisent ensuite des attaques dans le Cachemire indien.

Le Pakistan a condamné samedi l'attaque de la base aérienne, la qualifiant d'«acte terroriste».