Les négociations de paix interyéménites sous l'égide de l'ONU doivent s'achever dimanche en Suisse, alors que la trêve censée aider les pourparlers a encore volé en éclats samedi, de violents combats ayant fait au moins 68 morts dans le nord-ouest du pays.

Tandis que les forces progouvernementales ont gagné du terrain en se rapprochant samedi de la capitale Sanaa, les deux parties rivales réunies en Suisse ont décidé de créer «un comité militaire neutre» chargé de la surveillance du cessez-le-feu, théoriquement en vigueur depuis mardi.

Une conférence de presse de l'émissaire spécial de l'ONU pour le Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, est prévue dimanche à Berne à 11 h (heure de l'Est) en clôture des négociations entre pouvoir et rebelles chiites Houthis qui tentent de trouver une issue à plus de huit mois de conflit.

Samedi, le cinquième jours de discussions s'est achevé à Bienne (nord-ouest de la Suisse) sans grande avancée sur d'autres points de négociations, d'après des sources proches des deux délégations.

Aucun accord n'a ainsi pu être trouvé sur le cadre général de la suite des pourparlers de paix, sur l'ouverture de corridors humanitaires ou sur la poursuite des échanges de prisonniers.

Sur le terrain, le conflit n'a connu aucun répit et s'est même intensifié samedi dans le nord du pays.

Au moins 68 combattants ont été tués lors de violents combats entre des soldats yéménites et des rebelles chiites près de la ville de Haradh (nord-ouest) et de la frontière saoudienne. Au moins 28 soldats ont péri selon des sources militaires et au moins 40 rebelles selon des sources tribales.

Haradh a été reconquise jeudi par des forces gouvernementales entraînées en Arabie saoudite, qui avaient franchi la frontière pour lancer un assaut et s'en emparer. Les loyalistes tentent maintenant d'avancer vers la ville portuaire de Midi, sur la mer Rouge, située à une dizaine de kilomètres de Haradh, mais ils se heurtent aux rebelles qui ont fait acheminer des renforts dans la zone, selon des sources tribales.

À 40 km de Sanaa

Sur un autre front, les troupes fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi se trouvaient samedi à 40 km de la capitale Sanaa, contrôlée par les rebelles depuis plus d'un an, après des gains territoriaux significatifs dans la province de Marib, à l'est de la capitale.

Selon des sources militaires loyalistes, les forces pro-Hadi, aidées de membres de tribus, font le siège d'une base militaire contrôlée par les rebelles à Nihm, à 40 km au nord-est de Sanaa. La zone qui les sépare le plus directement de la capitale est toutefois hérissée de hautes montagnes.

Plus au nord, dans la province de Jawf, dont elles ont repris vendredi le chef-lieu Hazm, les loyalistes ont reconquis deux districts, Al-Ghayl et Al-Maton, d'après un chef local de la «Résistance populaire», qui rassemble des combattants progouvernementaux.

Des forces progouvernementales, soutenues militairement par une coalition menée par l'Arabie saoudite qui accuse les Houthis d'être liés à l'Iran, le grand rival de Riyad dans la région, font maintenant mouvement vers les provinces d'Amran et de Saada (nord), le fief des rebelles chiites.

Après la reprise vendredi par les loyalistes de deux villes du nord du Yémen, dont Hazm, et le tir par des rebelles de deux missiles vers l'Arabie saoudite, dont un était tombé en territoire saoudien, l'émissaire de l'ONU s'était dit «très inquiet».

Vendredi également, le président américain Barack Obama avait jugé «urgent» que la trêve soit respectée afin de permettre une «désescalade significative» du conflit, qui a fait quelque 6000 morts, dont de nombreux civils, depuis le mois de mars selon l'ONU.

Partis en juillet 2014 de Saada, leur fief dans le nord, les Houthis ont pris la capitale et conquis de vastes territoires. L'Arabie saoudite et ses alliés arabes sunnites interviennent depuis fin mars en soutien des forces progouvernementales qui ont réussi à l'été à stopper la progression des rebelles chiites dans le sud du pays et tentent depuis de reprendre le terrain perdu dans le nord et l'est.