Le premier ministre Benyamin Nétanyahou recevra le prétendant républicain à la Maison-Blanche Donald Trump le 28 décembre malgré l'indignation soulevée, y compris en Israël, par ses propos sur les musulmans.

En soirée, le bureau de M. Nétanyahou a pris soin de souligner que le Premier ministre «rejet(ait) les récentes remarques de Donald Trump sur les musulmans».

«L'État d'Israël respecte toutes les religions et garantit le droit de tous ses citoyens, tout en luttant contre l'islam militant qui vise indistinctement musulmans, chrétiens et juifs dans le monde entier», précise-t-il dans un communiqué.

Une rencontre avec le candidat d'un parti «n'implique en aucune façon le soutien» à cette personne, ajoute-t-on encore.

Un responsable gouvernemental avait indiqué plus tôt que la rencontre avait été «programmée il y a deux semaines», avant la polémique donc.

Plus de 30 députés, sur 120, ont adressé une lettre à M. Nétanyahou pour lui demander de ne pas recevoir M. Trump et de condamner ses paroles, a indiqué sur Twitter Michal Rozin, membre du parti de gauche Meretz, à l'origine de l'initiative.

Deux des signataires sont membres de la fragile majorité de droite de M. Nétanyahou, ont rapporté les médias.

M. Trump a provoqué un tollé international en proposant de fermer les frontières des États-Unis aux musulmans.

Trump, le «néo-nazi»

La visite du milliardaire, qui serait son premier voyage à l'étranger en tant que candidat, s'annonce controversée dans un pays où vivent plus d'un million de musulmans (sur une population totale de 8 millions) selon les statistiques officielles, et où les sensibilités aux questions d'appartenance ethnique ou religieuse sont vives.

«Ceux qui se réjouissent des propos de Trump ne connaissent pas assez bien l'histoire juive pour comprendre ce qui advient quand nous nous engageons sur la voie de la haine envers les étrangers, du mépris des lois et de la discrimination religieuse», a écrit le député centriste et ancien ministre Yaïr Lapid (opposition) sur Facebook.

Le député arabe Ahmed Tibi a dit avoir demandé au président du Parlement «d'interdire à ce néo-nazi de Trump et à tous les autres Trump de la terre de mettre les pieds à la Knesset». Il n'a cependant jamais été question que M. Trump se rende au Parlement israélien.

M. Nétanyahou avait lui-même suscité une levée de boucliers par des propos sur les Arabes israéliens (les descendants des Palestiniens de 1948 ayant la nationalité israélienne) le jour des législatives le 17 mars 2015.

M. Nétanyahou avait brandi le spectre d'électeurs arabes acheminés «en masse» jusqu'aux bureaux de vote. Cette déclaration avait choqué jusqu'au président démocrate américain Barack Obama qui les avait réprouvés sur un ton vif. M. Nétanyahou a dit depuis regretter ces paroles.

La visite de M. Trump illustre les rapports politiques entre les deux grands alliés stratégiques israélien et américain et l'attention particulière portée en Israël à la présidentielle américaine.

M. Nétanyahou avait été critiqué pour son soutien perçu comme à peine voilé au candidat républicain Mitt Romney contre M. Obama à la présidentielle de 2012.

Israël, étape de la campagne 

En mars 2015, l'administration Obama avait ressenti comme une ingérence exceptionnelle dans la politique américaine le discours prononcé par M. Nétanyahou devant le Congrès contre un accord avec l'Iran sur les activités nucléaires de la République islamique.

Les relations entre les deux gouvernements ont connu en 2015 une de leurs crises les plus graves et les commentateurs israéliens soulignent abondamment que M. Nétanyahou ne sera pas fâché de voir partir M. Obama.

Israël est une étape étrangère privilégiée pour les candidats à la Maison-Blanche, à la fois pour rehausser leur stature diplomatique et affirmer à l'attention de l'électorat américain leur soutien à l'allié israélien.

Ce soutien est une affaire particulièrement entendue chez les républicains. M. Trump avait annoncé son prochain voyage en Israël lors d'un forum organisé par la Coalition juive républicaine, une organisation financée par le magnat Sheldon Adelson, soutien notoire de M. Nétanyahou.

Les propos de M. Trump, jouant sur des clichés sur les juifs, avaient fait froncer le sourcil à certains en Israël. Les autres prétendants républicains à la tribune avaient témoigné de leur fidélité à la cause israélienne, et promis d'annuler l'accord nucléaire avec l'Iran.