Un policier jordanien a tué lundi deux instructeurs américains et un sud-africain avant d'être abattu, dix ans jour pour jour après une série d'attentats meurtriers d'Al-Qaïda en Jordanie, pays allié des États-Unis.

Anwar Abou Zeid a ouvert le feu pour une raison inconnue dans un centre de la police où des experts internationaux entraînent des policiers jordaniens et parfois étrangers.

Outre les deux Américains et le Sud-Africain, il a tué deux employés jordaniens et blessé deux autres instructeurs américains, trois Jordaniens et un Libanais, selon un nouveau bilan communiqué dans la soirée par le porte-parole du gouvernement jordanien Mohamed Momani.

Un Jordanien qui était dans «un état critique» a succombé à ses blessures en début de soirée, a précisé M. Momani.

Le policier, qui avait le grade de capitaine, a été tué par des camarades. Agé de 28 ans, il était marié et père de deux enfants, selon la presse jordanienne.

A Washington, le président Barack Obama a indiqué qu'une «enquête approfondie était en cours». «Nous prenons cela très au sérieux, et nous allons travailler en étroite collaboration avec les Jordaniens pour déterminer exactement ce qu'il s'est passé», a-t-il dit.

M. Momani avait précisé auparavant qu'une enquête avait été ouverte pour «déterminer les motivations du crime et ses circonstances».

L'ambassade des États-Unis à Amman a confirmé le bilan annoncé par le gouvernement jordanien et «condamné fermement cet incident». «L'enquête est en cours et il est prématuré de spéculer pour le moment sur le motif» de l'attaque, a-t-elle ajouté dans un communiqué.

L'ambassade a aussi déconseillé aux ressortissants américains de se rendre dans la zone de l'attaque.

En «état de choc», la famille de l'assaillant a été interrogée par les services de sécurité, a indiqué une source proche de sa famille, qui a affirmé qu'Anwar Abou Zeid n'avait «aucun lien avec des organisations terroristes».

Coïncidence ou non, il a mené son attaque le jour du dixième anniversaire des attentats suicide revendiqués par Al-Qaïda contre des hôtels à Amman, dans lesquels une soixantaine de personnes avaient été tuées et des dizaines d'autres blessées le 9 novembre 2005.

«Journée difficile»

En février, la Jordanie a pendu une Irakienne condamnée à mort pour sa participation à ces attentats, Sajida al-Rishawi, dont la libération avait été réclamée par le groupe État islamique (EI).

La fusillade est intervenue lundi peu après une cérémonie du souvenir des attentats de 2005, à laquelle ont participé le roi Abdallah II et la reine Rania de Jordanie.

«Je sais que c'est une journée difficile pour vous. Les tragédies du terrorisme que le monde vit aujourd'hui nous rappellent ce que vous avez vécu il y a dix ans», a déclaré le roi devant les familles des victimes.

Plus tard, le roi a rendu visite aux blessés de la fusillade dans un hôpital militaire à Amman.

L'attaque de lundi s'est déroulée dans le Centre international jordanien pour l'entraînement de la police dans la région d'Al-Mowaqer, située à une trentaine de kilomètres à l'est d'Amman.

Ce centre avait été créé après l'invasion américaine de l'Irak pour former les forces de la police irakienne d'après-guerre. Des unités de la police palestinienne y sont également entraînées.

Les trois instructeurs tués, dont l'identité n'a pas été divulguée, avaient un contrat pour entraîner la police jordanienne, selon M. Momani, cité par l'agence jordanienne Petra.

Les deux Américains formaient des membres des forces de sécurité palestiniennes, a affirmé de son côté John Kirby, le porte-parole du département d'État, précisant que le centre de formation, mis sur pied pour entraîner des policiers irakiens, s'était récemment tourné vers la formation de policiers palestiniens.

Les deux hommes étaient employés de la société DynCorp International, basée près de Washington et qui travaille sous contrat avec le gouvernement américain pour former et entraîner des policiers étrangers, a-t-il encore ajouté.

La Jordanie est un allié stratégique des États-Unis au Proche-Orient et participe à la coalition militaire conduite par Washington contre l'EI en Syrie.

PHOTO MUHAMMAD AHMED, REUTERS

L'attaque a eu lieu dans le centre d'entraînement de la police dans la région d'Al-Mowaqer.