Les Houthis ont reconquis des positions dans le sud du Yémen, à l'occasion d'une nouvelle opération pour s'emparer de la ville d'Aden, où le gouvernement s'est installé l'été dernier après en avoir chassé les rebelles qui contrôlent toujours Sanaa, ont indiqué dimanche des sources militaires.

Dans la province de Lahej, voisine de la capitale du Sud, Aden, les rebelles chiites Houthis et leurs alliés ont positionné leurs forces sur une colline surplombant la base aérienne stratégique d'Al-Anad, selon ces sources.

Des troupes soudanaises, associées à la coalition arabe sous commandement saoudien qui soutient les forces progouvernementales au Yémen, sont stationnées à Al-Anad. Le déploiement rebelle constitue « un réel danger », a affirmé une de ces sources à l'AFP.

Avec l'appui de la coalition arabe (aérien, terrestre et matériel), les forces progouvernementales avaient lancé une vaste contre-offensive en juillet, chassant les insurgés d'Aden et de quatre autres provinces du sud (Lahej, Dhaleh, Abyane et Chabwa).

Des combats ont eu lieu samedi à Al-Madaribah, à la frontière entre les provinces de Lahej et de Taëz (sud-ouest), selon des sources progouvernementales.

Les rebelles ont repris Damt, la deuxième grande localité de la province de Dhaleh, après l'avoir encerclée pendant des heures et s'être heurtés aux loyalistes, ont indiqué des sources militaires. Ces affrontements ont fait 16 morts.

Les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie saoudite, ont été « contraintes de se retirer de la ville », a indiqué une source.

L'aviation de la coalition a lancé dans l'après-midi de violents raids aériens contre les positions reprises par les rebelles dans ce secteur, ont indiqué des responsables locaux.

Dans la province de Marib, à l'est de la capitale Sanaa, 16 soldats fidèles au président Hadi ont été tués et six autres blessés dimanche soir quand leur véhicule a sauté sur une mine, a indiqué une source militaire. L'explosion a eu lieu sur la route menant au camp militaire de Sahn, au nord-ouest de la ville de Marib, chef-lieu de la province éponyme, selon la même source.

La ville est contrôlée par les loyalistes qui peinent à avancer en direction de Sanaa, toujours aux mains des rebelles.

Dans la localité côtière de Dhoubab, près du détroit stratégique de Bab al-Mandeb, les rebelles se sont emparés d'une base militaire après des combats qui ont fait 11 morts dans leurs rangs et six chez les loyalistes, selon une autre source militaire.

Les loyalistes avaient repris le mois dernier Dhoubab qui leur donne un contrôle de fait sur Bab al-Mandeb, par où passe une partie du trafic maritime mondial, à l'entrée sud de la mer Rouge.

Le conflit au Yémen a connu une grave escalade en mars lorsque l'Arabie saoudite a pris la tête d'une coalition arabe dans le but de freiner l'avancée des rebelles accusés de liens avec l'Iran et qui s'étaient rendus maîtres de la capitale Sanaa et d'une bonne partie du pays.

Les Houthis, alliés à des unités militaires restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, avaient réussi notamment à s'emparer d'Aden, forçant le président Hadi à l'exil, avant d'en être chassés en juillet.

Avec leurs dernières avancées, les Houthis et leurs alliés cherchent à revenir à Aden », a déclaré un haut responsable militaire.

Depuis mars, le conflit a fait quelque 5000 morts, dont plus de la moitié de civils, selon l'ONU qui cherche à organiser des pourparlers de paix vers la mi-novembre, probablement à Genève.

L'Arabie saoudite et ses alliés sunnites affirment que l'Iran chiite cherche à « rééditer au Yémen l'expérience du Hezbollah ». Les Houthis, issus de l'importante minorité chiite zaïdite yéménite, estiment avoir été marginalisés par le pouvoir.