Des dizaines de Palestiniens ont incendié vendredi le tombeau de Joseph à Naplouse, site sacré du judaïsme dans le nord de la Cisjordanie occupée, au risque de donner une tournure de plus en plus confessionnelle à l'escalade meurtrière qui se poursuit.

Quatre Palestiniens ont en effet été tués vendredi dans les Territoires palestiniens.

L'un a été abattu après avoir poignardé et sérieusement blessé un soldat israélien en Cisjordanie occupée alors qu'il se faisait passer pour un journaliste. Un autre a été atteint par des tirs israéliens lors de heurts près de Naplouse et deux autres ont subi le même sort dans la bande de Gaza alors qu'ils manifestaient avec des centaines d'autres près de la barrière qui isole Israël de l'enclave palestinienne.

Des heurts violents ont à nouveau mis aux prises Palestiniens et soldats israéliens en Cisjordanie occupée, à Bethléem, Ramallah et dans la poudrière d'Hébron, non loin des lieux de l'agression par le prétendu journaliste.

Toutes les organisations palestiniennes avaient appelé après la grande prière hebdomadaire musulmane à un «vendredi de la révolution» en Cisjordanie et à Gaza, territoires séparés géographiquement par Israël et censés former un futur État palestinien.

La Cisjordanie occupée et Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, sont en proie depuis le 1er octobre à des violences qui ont réveillé le spectre d'une nouvelle intifada. La bande de Gaza a été entraînée dans la spirale le 9 octobre.

Une jeunesse échappant apparemment à tout contrôle politique exprime sa colère contre l'occupation et la colonisation, encouragée par les réseaux sociaux et aiguillonnée par les incantations religieuses. Les affrontements entre jeteurs de pierres et forces israéliennes sont quotidiens, les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons sont constantes et les attaques à l'arme blanche quotidiennes.

«Exacerber les tensions»

Le rôle joué par l'esplanade des Mosquées, site sacré pour les musulmans et les juifs, ou le fait que nombre des victimes des attentats au couteau soient juives a suscité la crainte que la confrontation devienne de plus en plus religieuse.

Des dizaines de Palestiniens ont mis le feu vendredi avant l'aube au tombeau de Joseph à l'aide de cocktails Molotov, selon la police palestinienne. Pour les juifs, ce site abrite la dépouille de Joseph, l'un des douze fils de Jacob. Mais il est aussi vénéré par les musulmans, pour lesquels il abrite la tombe d'une figure religieuse locale, et par les samaritains, une secte séparée du judaïsme.

Comme d'autres sites religieux en Cisjordanie occupée, c'est un lieu de tension permanente entre les juifs qui s'y rendent et les Palestiniens qui vivent alentour.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a «fermement condamné cet acte répréhensible», vendredi à New York à l'ouverture d'une session du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Israël et dans les Territoires palestiniens.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié cette attaque d'acte «irresponsable».

C'est la première fois que M. Abbas condamne l'un des actes de violence antijuifs depuis le début de l'escalade des violences. Il était soumis à une pression grandissante, y compris de la part du secrétaire d'État américain John Kerry, pour condamner les attentats anti-israéliens.

«Haut et fort»

Depuis le 1er octobre, les violences ont fait 37 morts, dont plusieurs auteurs d'attaques, et des centaines de blessés côté palestinien ainsi que sept morts et des dizaines de blessés côté israélien.

Alors que le Conseil de sécurité se penchait vendredi à New York sur la question, à l'instigation des pays arabes, et que M. Kerry compte venir dans les «prochains jours» au Proche-Orient, il est difficile de discerner quel rôle peut jouer la diplomatie, jusqu'à présent impuissante à contenir le cycle de violences.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou s'est redit prêt à rencontrer le président palestinien, y compris en présence du roi Abdallah II de Jordanie, tout en accusant de nouveau accusé Mahmoud Abbas d'incitations à la violence.

Pour la première fois, il a reçu un soutien ferme de la part du secrétaire d'État américain. M. Abbas «doit condamner (la violence) haut et fort», a dit M. Kerry à la radio NPR News, «et il ne doit pas se livrer à une incitation dans le registre de ce qu'il a parfois été entendu dire».

Un Palestinien abattu après avoir poignardé un soldat israélien

Un Palestinien déguisé en journaliste selon l'armée israélienne a poignardé et blessé sérieusement un soldat vendredi près de la colonie de Kiryat Arba, non loin de Hébron en Cisjordanie occupée, avant d'être abattu.

Le Palestinien était déguisé en photographe de presse, «ce qui lui a permis d'approcher les soldats», a dit à l'AFP un porte-parole de l'armée, Ary Shalicar.

Des images non authentifiées de l'incident diffusées sur l'internet montrent un homme allongé portant une chasuble jaune et un tee-shirt tagué «press» en travers de la poitrine.

Le porte-parole de l'armée n'a pu dire dans un premier temps si les images avaient effectivement été prises à Kiryat Arba. Mais il a précisé que l'agresseur portait bien une chasuble quand il a approché les soldats.

Le soldat visé a été évacué avec des blessures sérieuses. Ses camarades ont tué l'assaillant, a dit l'armée.

PHOTO NASSER SHIYOUKHI, AP

Un Palestinien déguisé en journaliste selon l'armée israélienne a poignardé et blessé sérieusement un soldat avant d'être abattu.

Deux Palestiniens tués par des tirs israéliens dans la bande de Gaza

Deux Palestiniena ont par ailleurs été tué vendredi par des tirs israéliens dans la bande de Gaza lors de heurts près de la frontière avec Israël, a indiqué le ministre de la Santé.

«Une personne est morte et 27 autres ont été blessées» près du point de passage d'Erez dans le nord de bande de Gaza, a dit le porte-parole du ministère Achraf al-Qoudra.

Des centaines de personnes manifestaient vendredi en différents points près de la barrière de sécurité israélienne qui, avec la frontière égyptienne, enferme la bande de Gaza et ses 1,8 million d'habitants, a rapporté un journaliste de l'AFP dans l'enclave palestinienne.

Les Gazaouis tués vendredi sont les 11e et les 12e à mourir sous les tirs israéliens près de la barrière frontalière. Une mère et sa petite fille sont en outre mortes dans un raid aérien israélien visant, selon l'armée, des ateliers de fabrication d'armes.

L'armée israélienne a dit jusqu'alors avoir tiré parce que les manifestants, entrés dans le no man's land, lançaient des pierres et des engins incendiaires sur les soldats de l'autre côté et menaçaient de causer une brèche dans la barrière.

PHOTO MOHAMMED SALEM, REUTERS

De jeunes Palestiniens évacuent l'un de leurs camarades blessé lors de heurts avec les soldats israéliens près de la frontière entre Gaza et Israël.