Les forces israéliennes ont mené une chasse à l'homme apparemment infructueuse vendredi en Cisjordanie pour retrouver les meurtriers d'un couple de colons tués sous les yeux de leurs enfants, tandis que s'élevaient des appels au calme face au risque d'embrasement.

Une multitude d'incidents ont été rapportés en Cisjordanie, sous tension depuis le double meurtre commis jeudi soir près de Naplouse, dans le nord du territoire occupé.

La police palestinienne a signalé des jets de pierre contre des véhicules palestiniens par des colons ainsi que des dizaines d'oliviers brûlés. Une voiture palestinienne a été incendiée et des tags «vengeance» et «Henkin», du nom des victimes, ont été découverts non loin de la colonie où elles vivaient.

Un Palestinien de 35 ans a été blessé par balle par des tirs de colons, selon l'agence palestinienne Wafa. Des heurts ont opposé Palestiniens et forces israéliennes aux abords de la Vieille ville à Jérusalem-Est et à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie.

Au même moment, des centaines de soldats recherchaient les meurtriers d'Eitam et Naama Henkin à travers la Cisjordanie quadrillée par les contrôles routiers.

«Nous allons les traquer jusqu'à ce que nous mettions la main sur eux et sur ceux qui les ont envoyés», a promis le ministre de la Défense Moshé Yaalon.

Le couple d'une trentaine d'années, habitants de la colonie de Neriah, rentrait en voiture d'une réunion d'étudiants en religion avec ses quatre enfants quand il a été criblé de balle par au moins deux individus à bord d'une voiture entre les colonies d'Itamar et Elon Moreh, ont indiqué les autorités israéliennes.

«On a entendu des enfants pleurer»

«Vers 21 h, on a entendu des tirs très intenses et tellement forts qu'on s'est dit que les colons attaquaient», a relaté à l'AFP Hamid, un riverain palestinien. «On a entendu des enfants pleurer (...), on y est allé et on a entendu une troisième salve, on ne savait pas ce qui se passait».

Les enfants, âgés de 4 mois à 9 ans, sont traumatisés, mais indemnes.

C'est l'aîné Matan qui a prononcé le kaddish funéraire rituel, soulevant des sanglots parmi les milliers de personnes réunies dans le grand cimetière de Har Hamenuhot à Jérusalem. Auparavant, la foule avait écouté silencieusement le président israélien Reuven Rivlin saluer la mémoire des défunts et s'adresser aux colons présents qui sont, avec l'armée, en première ligne d'une «charge terroriste» et en paient «l'insupportable prix».

Dans un communiqué dont l'authenticité ne pouvait être vérifiée, un groupe se présentant comme affilié au Fatah, le parti du président palestinien Mahmoud Abbas, a revendiqué l'attaque.

L'ONU, le département d'État américain et l'Union européenne ont condamné l'attentat et lancé un appel au calme devant le risque d'escalade.

Le ministre de la Défense a également appelé les colons au calme.

«Encouragement au meurtre»

«Nous assistons en ce moment à un débordement» de violence, a-t-il assuré sur les lieux du crime. Il l'a attribué, en partie seulement, aux tensions autour de l'esplanade des Mosquées, site sacré pour les musulmans et les juifs et théâtre, avec la Vieille ville de Jérusalem qu'elle surplombe, de heurts répétés ces dernières semaines.

La poursuite de la colonisation en Cisjordanie, où 2,8 millions de Palestiniens vivent une cohabitation conflictuelle avec près de 400 000 colons, reste un autre important facteur de crispations.

Un bébé palestinien et ses deux parents avaient trouvé la mort cet été dans un incendie imputé à des extrémistes juifs qui se seraient vengés de ce qu'ils estiment être des atteintes à la colonisation.

Pour la droite palestinienne, le principal responsable, c'est le président Abbas, coupable d'incitations à la haine. «Chaque parole que prononce Abou Mazen est un encouragement au meurtre de juifs», a dit la ministre de la Culture Miri Regev en employant le surnom de M. Abbas.

M. Abbas et le premier ministre israélien Benyamin Nétnayahou ont donné cette semaine par leurs discours respectifs à l'ONU la mesure du fossé qui les sépare d'une reprise des négociations de paix, le premier déclarant que les Palestiniens n'étaient plus liés par les accords passés.

Les violences liées au conflit ont fait au moins 27 morts côté palestinien et au moins 6 côté israélien en 2015, selon un décompte de l'AFP.