Deux Palestiniena sont morts en Cisjordanie occupée en s'en prenant aux forces israéliennes à l'approche des grandes fêtes juive et musulmane qui font redouter de nouvelles tensions après les violences récentes à Jérusalem.

Alors que la communauté internationale s'inquiète des crispations actuelles, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a mis en garde à Paris contre «un risque d'intifada» lors d'une rencontre avec le chef de l'État français François Hollande.

La situation était calme mardi sur et autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, où Israël a annoncé le déploiement de milliers de policiers dans la perspective d'un afflux de fidèles juifs et musulmans pour leurs fêtes respectives de Yom Kippour et de l'Aïd al-Adha.

C'est à Hébron et dans ses environs, en Cisjordanie occupée, que l'animosité entre Israéliens et Palestiniens était la plus palpable.

Un Palestinien de 21 ans, Dia al-Talameh, est mort dans la nuit en manipulant un engin explosif qu'il comptait lancer sur un véhicule de soldats israéliens dans le village de Doura, ont indiqué l'armée et des habitants. Les forces de sécurité palestiniennes ont toutefois indiqué que le jeune homme avait été tué par des tirs israéliens.

À la mi-journée à Doura, des centaines de personnes ont répondu à l'appel des haut-parleurs à accompagner jusqu'au cimetière la dépouille du «martyr combattant», enveloppée dans un linceul et un drapeau de l'organisation Jihad islamique.

«Je suis très fière de mon fils, j'espère qu'un martyr sortira de chaque maison palestinienne», a dit sa mère sans dévoiler son nom.

Hébron, en Cisjordanie occupée, poudrière où 500 colons vivent parmi les Palestiniens derrière miradors et barbelés, et les villages environnants avaient déjà été agités par des heurts lundi.

Une jeune Palestinienne blessée mardi matin par des tirs de soldats israéliens alors qu'elle tentait de poignarder l'un d'eux selon l'armée a succombé à ses blessures à l'hôpital à Jérusalem, a indiqué son père à l'AFP.

Hadeel Al-Hashlamon,  étudiante de 18 ans, «est morte il y a une demi-heure», a dit son père Salaheddine. Son décès porte à deux le nombre de Palestiniens morts en moins de 24 heures dans le secteur de Hébron, dans un contexte de tensions ravivées avec les Israéliens.

Des juifs sur l'esplanade

Les tensions sont de nouveau vives en Cisjordanie et à Jérusalem, où elles se cristallisent une fois de plus sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré du judaïsme.

Ce site a été le théâtre de trois jours de heurts consécutifs entre Palestiniens et policiers israéliens la semaine passée. Les violences se sont ensuite étendues à différents quartiers de Jérusalem et à la Cisjordanie.

Les policiers sont en état d'alerte avant les célébrations de Kippour (le Grand Pardon, la fête juive la plus solennelle) de mardi soir à mercredi soir, et de l'Aïd al-Adha (fête du Sacrifice), moment fort du calendrier musulman, à partir de mercredi soir.

Des milliers de fidèles sont attendus pour ces célébrations dans la Vieille ville que surplombe l'esplanade. Les juifs étaient d'ailleurs déjà nombreux mardi à se presser devant le Mur des Lamentations, en contrebas de l'esplanade.

Un groupe de juifs a cependant pu visiter l'esplanade sous forte escorte et relativement sans encombre, s'attirant juste les invectives de musulmans quand il est passé devant la mosquée Al-Aqsa.

Points de passage fermés

Comme habituellement au moment des fêtes juives, Israël a bouclé la Cisjordanie: les points de passage vers Israël et Jérusalem resteront fermés le temps de Kippour, sauf pour les cas humanitaires.

La police a aussi interdit jusqu'à nouvel ordre aux musulmans de moins de 40 ans l'accès de l'esplanade des Mosquées afin de réduire les risques de violences.

Située à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée en 1967 par Israël et annexée, elle représente un symbole intangible, sublimé par la religion, pour des Palestiniens frustrés d'État depuis des décennies et lassés par leurs dirigeants.

Les juifs sont autorisés à visiter l'esplanade, qu'ils appellent mont du Temple, à certaines heures de la matinée, mais prier leur est interdit.

L'augmentation du nombre de ces visites, les incidents qu'elles suscitent, ainsi qu'un discours minoritaire, mais de plus en plus audible réclamant non seulement le droit de prier sur l'esplanade, mais aussi la souveraineté d'Israël sur les lieux exaspèrent les Palestiniens.

Ils craignent que le premier ministre Benyamin Nétanyahou ne remette en cause le statu quo qui régit les lieux, ce dont M. Nétanyahou se défend constamment.

Au sein de son gouvernement, son ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan a déclaré lundi devant des députés qu'il n'aimait «pas ce statu quo qui fait que les musulmans ont le droit de prier, mais les juifs seulement de visiter». «Mais personne n'a l'intention de le changer», a-t-il ajouté, selon le quotidien Jerusalem Post.

Dans ce contexte tendu et en l'absence de toute perspective de règlement du conflit israélo-palestinien, le président Abbas - très isolé sur le front palestinien - est à la recherche de soutiens internationaux. Après avoir rencontré M. Hollande mardi, il doit ainsi s'entretenir mercredi avec le chef de l'État russe Vladimir Poutine.

PHOTO AHMAD GHARABLI, AFP

La situation a été calme dans la matinée sur et autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, où Israël a déployé de nombreux policiers dans la perspective d'un afflux de fidèles juifs et musulmans pour leurs fêtes respectives de Yom Kippour et de l'AÏd al-Adha.