Le gouvernement libanais a approuvé mercredi soir un plan pour mettre fin à la crise des déchets qui a provoqué d'importantes manifestations aux accents politiques durant plus d'un mois, a annoncé un ministre.

Akram Shehayeb, le ministre de l'Agriculture, a annoncé un accord qui approuve l'octroi de la responsabilité de la gestion des déchets aux municipalités et l'ouverture de deux nouvelles décharges dans le pays.

La crise avait éclaté après la fermeture à la mi-juillet de la décharge de Naameh, à l'extérieur de Beyrouth, la principale du Liban.

«Ce soir le cabinet a approuvé une voie pour sortir de la crise», a déclaré le ministre à l'issue d'une réunion qui a duré plus de six heures, alors que des manifestations avaient encore lieu dans Beyrouth.

M. Shehayeb a ajouté que la décharge de Naameh serait rouverte pendant une semaine seulement afin d'y déposer rapidement les ordures qui se sont accumulées dans Beyrouth et ses faubourgs.

Mais cette proposition pourrait susciter des oppositions, des résidents vivant aux abords du site ayant fait savoir qu'ils ne toléreraient sa réouverture sous aucun prétexte.

La contestation sociale provoquée par la crise des déchets à la mi-juillet a pris un tour politique dans un pays où le poste de président de la République est vacant depuis plus d'un an, où le gouvernement miné par les divisions ne parvient pas à prendre des décisions et où le Parlement, en l'absence d'élections depuis 2009, a prorogé son propre mandat à deux reprises.

Plus tôt dans la journée, les responsables des différents courants politiques s'étaient séparés au bout de trois heures de discussions pour annoncer seulement une nouvelle réunion de «dialogue» le 16 septembre, sans mentionner un quelconque résultat concret.

Ils s'étaient réunis dans un Parlement en état de siège, protégé par des centaines de policiers et des barrières en métal surmontées de barbelés, après avoir été accueillis par des manifestants jetant des oeufs sur leurs convois et scandant «Voleurs, voleurs, dehors!».

Mais une réunion extraordinaire du Conseil des ministres, convoquée par le Premier ministre Tammam Salam pour examiner un plan élaboré par une commission ministérielle en vue d'une solution à la crise des déchets, s'était poursuivie.

Des milliers de Libanais exaspérés par la paralysie de l'État et le délabrement des services publics étaient revenus manifester à Beyrouth mercredi.

«Pays poubelle» 

Le mouvement de colère a été initialement provoqué par l'accumulation de déchets dans les rues après la fermeture de la principale décharge du pays le 17 juillet.

Maintes fois, des milliers de Libanais de toutes confessions et horizons politiques sont descendus dans la rue à Beyrouth, un fait inédit dans un pays plus habitué aux rassemblements à caractère politique et confessionnel et où la société est très polarisée politiquement.

«C'était un pays... C'est devenu une poubelle! Nous devons tous descendre en masse mercredi pour continuer de mettre pression sur tous les corrompus!» avait écrit sur sa page Facebook la campagne «Vous puez», qui a lancé le mouvement.

La scène politique est divisée entre un bloc mené par le Hezbollah chiite -allié du régime syrien et soutenu par l'Iran- et celui de l'ex-Premier ministre sunnite Saad Hariri, appuyé par les États-Unis et l'Arabie saoudite. Leurs divisions ont été exacerbées par la guerre en Syrie voisine.

L'élection d'un chef de l'État, poste vacant depuis le 25 mai 2014, est à l'origine de la paralysie des institutions étatiques. Profondément divisé entre deux blocs, le Parlement, qui élit le président selon la constitution libanaise, n'est pas parvenu à un choix, même après 28 tentatives.

Le gouvernement actuel, formé il y a 18 mois sous le slogan de «l'entente nationale», réunit ces deux camps qui s'accusent mutuellement d'être à l'origine de la crise.

«Les participants ont exposé leur point de vue (...) concernant la principale clause qui est l'élection d'un président de la République», a annoncé un communiqué du Parlement à l'issue de la réunion de dialogue mercredi.

Les militants renvoient dos à dos les deux blocs, leur reprochant de se partager entre eux les ressources du pays, alors que le Liban souffre toujours de pénuries d'électricité et d'eau 25 ans après la fin de la guerre civile.