Alors que le sud de la Syrie a été le théâtre d'une flambée de violences antigouvernementales, samedi, des rumeurs d'une intervention accrue de l'armée russe en appui président Bachar el-Assad ont suscité l'inquiétude des États-Unis, qui craignent une «escalade du conflit».

Le département d'État américain a transmis un communiqué après un appel téléphonique entre le secrétaire d'État John Kerry et le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Le chef de la diplomatie américaine a fait part de ses préoccupations sur des informations non confirmées concernant un possible «accroissement imminent de l'intervention militaire russe» en Syrie.

Si le communiqué ne confirme pas et n'élabore pas sur cette possibilité, il mentionne que M. Kerry a dit clairement à M. Lavrov qu'une telle décision «pourrait contribuer à l'escalade du conflit», en plus d'augmenter le bilan des morts chez les civils et d'accélérer l'afflux de réfugiés. L'opération pourrait également entraîner une «confrontation» avec la coalition internationale dirigée par les États-Unis qui mène des frappes aériennes contre le groupe armé État islamique.

La Russie a été un allié important du régime El-Assad dans la guerre civile syrienne. Le pays a exprimé son soutien par la diplomatie et en envoyant de l'armement aux troupes gouvernementales. Moscou dispose également d'une installation maritime au port de Tartous, en Syrie, qui donne sur la mer Méditerranée.

Les hostilités dans la province de Soueïda, dans le sud de la Syrie, qui avait été largement épargnée par les combats, surviennent à la suite de la mort d'un religieux druze important dans des explosions, qui ont fait au moins 25 autres victimes, vendredi, selon des militants et des médias progouvernementaux.

Des émeutiers qui tiennent le gouvernement responsable de la mort du cheikh Wahid al-Balous ont détruit la statue de l'ancien président syrien Hafez el-Assad - le père du président actuel - et ont assiégé les bureaux de la sécurité, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Un commandant de la police, Mohammed Samra, a toutefois nié qu'une émeute avait eu lieu à Soueïda. Selon lui, ces informations visent à déstabiliser la sécurité de la région.

Les sympathisants de M. Al-Balous ont toutefois déclaré dans un communiqué qu'ils avaient l'intention d'expulser les forces de sécurité de la ville.

Le cheikh Wahid al-Balous était un fervent détracteur du président El-Assad et il avait appelé les jeunes de la province à refuser de servir dans l'armée. Il avait aussi beaucoup critiqué le groupe armé État islamique qui contrôle environ le tiers du pays et qui alimente le conflit ayant déjà tué 250 000 personnes, en plus d'en blesser au moins un million.

Le religieux, un allié des rebelles qui tentent de renverser le régime El-Assad, a succombé à ses blessures après l'explosion de deux voitures piégées à Soueïda.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, le bilan des morts a grimpé à 37 samedi, dont six gardiens de sécurité qui ont été tués dans les affrontements avec les émeutiers. L'agence officielle de l'État syrien et d'autres groupes militants ont fait état de 26 morts dans les explosions de vendredi.

Personne n'a officiellement revendiqué la responsabilité de l'attaque. Le gouvernement a qualifié les attentats «d'actes terroristes lâches».