Les Émirats arabes unis et Bahreïn ont perdu vendredi respectivement 45 et cinq soldats, leurs plus grosses pertes depuis qu'ils se sont engagés au Yémen dans une coalition sous commandement saoudien qui peine à venir à bout de rebelles chiites Houthis.

Depuis le début, fin mars, des raids aériens de la coalition pour soutenir le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi face aux rebelles, les Émirats arabes unis ont perdu un total de 52 soldats.

L'armée émiratie a annoncé dans un premier temps la mort de 22 soldats, tués selon des sources yéménites par une explosion dans un entrepôt de munitions de la province de Marib, à l'est de Sanaa.

Vingt-trois soldats blessés ont ensuite succombé, portant à 45 le nombre des Émiratis morts, a rapporté dans la soirée l'agence de presse officielle WAM.

Malgré cette tragédie, le prince héritier d'Abou Dhabi, cheikh Mohamed Ben Zayed Al-Nahyane, commandant en chef des forces armées, a souligné dans un tweet «la détermination» de son pays à poursuivre son «soutien aux frères yéménites contre l'injustice et l'agression».

Un deuil national de trois jours a été décrété aux Émirats, dont l'aviation a déclenché dans la soirée une série de raids contre des positions rebelles et des sites militaires à Marib, Sanaa, Saada (nord), fief des Houthis, et Ibb (centre), selon Wam.

La présidence yéménite a annoncé que cinq soldats bahreïnis avaient également péri dans l'explosion.

«Avancer vers Sanaa»

La crise yéménite a figuré au menu des entretiens du président américain Barack Obama avec le roi Salmane d'Arabie saoudite, qui effectue sa première visite officielle aux États-Unis depuis son accession au trône en janvier.

Issus de la minorité zaïdite chiite, les Houthis étaient partis il y a plus d'un an de leur fief de Saada, dans le nord du Yémen, s'emparant en janvier de la capitale Sanaa et progressant de manière fulgurante dans le reste de ce pays.

Les forces antiHouthis, aidées par les frappes de la coalition, ont repris ces derniers mois des provinces du sud et tentent de reconquérir notamment la capitale Sanaa.

Si le commandement des forces émiraties n'a pas précisé les circonstances dans lesquelles étaient morts les soldats, des sources militaires yéménites ont évoqué une explosion «accidentelle» dans un entrepôt de munitions sur une base militaire dans la région pétrolière de Safer, à quelque 250 km à l'est de Sanaa.

Des renforts militaires, dont des chars, d'autres blindés, des lance-roquettes, des démineurs, des transports de troupes ainsi que des hélicoptères Apache, avaient été convoyés cette semaine sur cette base par la coalition, ont dit ces sources militaires.

«Ces renforts en matériel, mais aussi en hommes font partie des mesures prises dans le cadre de la contre-offensive des forces loyalistes et de la coalition pour avancer vers Sanaa», a expliqué l'une d'elles sous le couvert de l'anonymat.

Pour leur part, les Houthis ont affirmé avoir tiré un missile balistique de type Tochka sur «un camp militaire à Safer», «tuant des dizaines d'officiers et de soldats parmi les mercenaires de l'agression saoudienne», une allusion à la coalition arabe.

Dans un communiqué cité par l'agence de presse Saba contrôlée par les Houthis, un responsable du ministère de la Défense à Sanaa a ajouté que les assaillants avaient touché des Apache, détruit des blindés «émiratis» et «incendié des dépôts d'armes».

Le ministre de l'Intérieur du gouvernement Hadi en exil, Abdo al-Houzaifi, interrogé par l'AFP, a affirmé que l'explosion à Safer était «accidentelle, car les munitions étaient mal entreposées».

L'explosion a été provoquée par «la chute d'un missile sol-sol, tiré par les rebelles», a déclaré pour sa part à l'AFP une source militaire yéménite pro-Hadi.

Le ministre d'État émirati des Affaires étrangères, Anwar Gargash, cité par le quotidien Gulf News de Dubaï, a aussi évoqué la thèse d'un missile sol-sol.

L'aviation de la coalition a intensifié ses raids contre des cibles militaires à Sanaa, provoquant des explosions, cependant que huit rebelles ont été tués dans des combats avec des forces loyalistes à Baïda (centre) et neuf autres à Taëz (sud-ouest), selon des témoins.

Dans le même temps, les forces loyalistes, «appuyées par des hélicoptères Apache, ont bombardé dans la nuit des positions rebelles dans (...) la province de Marib où les Houthis disposent de poches de résistance», a déclaré le ministre de l'Intérieur.