Le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond a rouvert dimanche l'ambassade de son pays à Téhéran, fermée depuis près de quatre ans après avoir été saccagée par des militants hostiles au renforcement de sanctions contre l'Iran.

Cette réouverture marque «la fin d'un long voyage et le début d'un nouveau» entrepris par «deux grandes nations», a déclaré M. Hammond lors d'une cérémonie à l'intérieur de l'ambassade qui garde encore des traces de sa mise à sac en novembre 2011 par des partisans de l'ex-président Mahmoud Ahmadinejad.

«Mort à la Grande-Bretagne», écrit à la peinture rouge, figure ainsi toujours sur une des portes de la résidence, selon des journalistes voyageant avec M. Hammond.

Sa visite de deux jours est la première d'un chef de la diplomatie britannique en Iran depuis 2003.

Également fermée depuis novembre 2011, l'ambassade d'Iran à Londres a aussi repris ses activités dimanche.

Selon M. Hammond, les relations entre les deux pays se sont «améliorées régulièrement» depuis l'élection du président iranien Hassan Rohani en 2013. «L'accord nucléaire historique du mois dernier a été une autre étape et a démontré le pouvoir de la diplomatie, conduite dans une atmosphère de respect mutuel, pour résoudre les défis communs», a-t-il ajouté.

Nouveau départ

La réouverture des ambassades constitue un moyen de «reconstruire la confiance», a-t-il insisté lors d'une conférence de presse avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif tout en rappelant la persistance de «désaccords profonds» dans certains domaines.

M. Zarif a parlé d'un «nouveau départ» dans les relations avec Londres et appelé à un dialogue sur les conflits au Moyen-Orient.

La visite de M. Hammond intervient après celles du vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel, du chef de la diplomatie française Laurent Fabius et de la patronne de la diplomatie européenne Federica Mogherini, venus à Téhéran dans la foulée de la conclusion le 14 juillet de l'accord historique sur le nucléaire.

Les grands pays européens ont désormais tous une ambassade à Téhéran, ce qui n'est pas le cas des États-Unis et du Canada.

Malgré l'accord nucléaire, les États-Unis restent toujours considérés comme «le grand Satan» par l'Iran, en particulier par le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei.

L'accord du 14 juillet entre l'Iran, les États-Unis, la France, le  Royaume-Uni, la Russie, la Chine et l'Allemagne prévoit de limiter au domaine civil le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales imposées à l'Iran depuis 2006.

Philip Hammond doit s'entretenir lundi avec le président Rohani.

Manifestants interpellés

Une manifestation non autorisée d'une quarantaine de personnes scandant des slogans tels que «Mort à la Grande-Bretagne», s'est déroulée dans l'après-midi devant l'ambassade britannique, à l'appel d'organisations d'étudiants radicaux, selon l'agence officielle Irna. Une dizaine de manifestants ont été interpellés.

L'ambassade sera dans un premier temps gérée par un chargé d'affaires, avant la possible désignation d'un ambassadeur dans les prochains mois.

«Nous voulons d'abord nous assurer que l'accord nucléaire est un succès, notamment en encourageant le commerce et les investissements une fois que les sanctions seront levées», a déclaré M. Hammond qui est accompagné de plusieurs responsables économiques.

«Le Royaume-Uni et l'Iran doivent également être prêts à discuter des défis que nous affrontons tous deux, dont le terrorisme, la stabilité régionale, l'expansion de l'(organisation) État islamique en Syrie et en Irak, la lutte contre le trafic de drogue, et les migrations», a poursuivi le ministre britannique.

En février 2014, les deux pays avaient décidé de normaliser leurs relations en hissant symboliquement leur drapeau national sur leurs représentations respectives.

Les pays occidentaux, qui avaient très fortement limité leurs relations commerciales et économiques avec l'Iran à cause des sanctions, espèrent renouer rapidement avec ce pays pour être présents sur un marché de près de 80 millions d'habitants.

Le pouvoir politique iranien encourage aussi la normalisation des relations avec l'Occident pour attirer des investissements internationaux dont son pays a fortement besoin.