Les forces loyalistes, encouragées par leurs succès dans le sud du Yémen face aux rebelles, ont engagé la bataille pour le contrôle de la ville stratégique de Taëz où les combats ont fait 80 morts en 24 heures.

Troisième ville du pays située dans le sud-ouest, Taëz est considérée comme le dernier obstacle majeur à franchir sur la route de la capitale Sanaa, tombée entièrement aux mains des rebelles chiites Houthis en janvier dernier.

Les partisans du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, exilé en Arabie saoudite voisine, tentent de chasser les rebelles de Taëz après avoir reconquis depuis la mi-juillet cinq provinces du sud, dont celle d'Aden, avec l'aide de frappes d'une coalition arabe.

Cette coalition commandée par l'Arabie saoudite est intervenue en mars pour stopper la progression des rebelles, soutenus par l'Iran, qui avançaient dans le sud du Yémen après avoir conquis de larges portions du pays à la faveur d'une offensive lancée en juillet 2014 à partir de leur fief de Saada (nord).

En plus des frappes aériennes, la coalition envoie armes et conseillers militaires sur le terrain pour épauler les loyalistes.

Selon des sources militaires, les corps de 50 rebelles chiites ont été trouvés lundi dans les décombres des zones de combats à Taëz et les forces progouvernementales ont eu 31 morts dans leurs rangs.

Les Comités de résistance populaires, la force loyale à M. Hadi, ont accompli des avancées significatives à Taëz, s'emparant de plusieurs secteurs stratégiques et progressant sur le chemin de l'aéroport, selon des responsables militaires.

Combats autour du palais 

De violents combats se déroulent aux alentours du palais présidentiel, toujours tenu par les rebelles, selon des habitants. Les rebelles contrôlent aussi les entrées de la cité, notamment celle à l'est qui mène à Sanaa, ont ajouté les responsables militaires.

L'aviation de la coalition est intervenue à plusieurs reprises contre les positions des Houthis dans ce secteur «pour empêcher l'arrivée de renforts rebelles», a indiqué l'une des sources militaires.

Le conflit au Yémen a fait depuis mars près de 4400 morts et des milliers de blessés, selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé. Quelque 21 millions de personnes ont besoin d'aide ou de protection et 1,3 million de Yéménites ont été déplacés selon l'ONU.

Après la reprise le 17 juillet de la province d'Aden, les loyalistes, aidés par la coalition, ont lancé une offensive d'envergure pour chasser les rebelles du sud du pays, reprenant les provinces de Lahj, Daleh Abyane et Chabwa, riche en réserves pétrolières.

Ces cinq provinces du sud du pays constituaient, avec celles de Mahra et de Hadramout jamais conquises par les Houthis, l'ancien Yémen du Sud, indépendant jusqu'en 1990 avant la réunification avec la partie nord.

Salaires bientôt payés

À Aden, la capitale du sud et deuxième ville du pays, 143 blessés des forces loyalistes ont été évacués lundi de deux hôpitaux en raison d'un incendie provoqué par l'explosion d'un générateur électrique, a déclaré le responsable des services de santé Al-Khadr Lassouer. Les blessés ont été transférés dans l'hôpital de Médecins sans frontières et d'autres établissements.

La ville portuaire, qui a subi de lourdes destructions pendant de longues semaines de combats entre rebelles et loyalistes, commence à connaître des signes de normalisation.

La branche de la Banque centrale a ainsi rouvert à Aden, ce qui va permettre de payer les salaires des fonctionnaires après des mois d'interruption.

«La Banque centrale est opérationnelle à Aden», a déclaré à la presse Khaled Zakaria, directeur de l'antenne régionale de cette institution.

Selon lui, la Banque centrale a les ressources pour payer les salaires en dépit du fait que les rebelles aient, pendant leur occupation de la ville, forcé l'un de ses coffres et emporté l'équivalent de 600 000 dollars.