Les forces pro-gouvernementales ont repris l'initiative dans la guerre contre les rebelles chiites au Yémen en progressant mercredi à Aden, la deuxième ville du pays qu'ils cherchent à reconquérir, alors que les États-Unis ont souligné l'urgence de mettre fin au conflit.

Les combattants favorables au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyés par les frappes d'une coalition arabe commandée par l'Arabie saoudite, ont lancé mardi une offensive d'envergure à Aden, la première depuis l'entrée fin mars des rebelles Houthis dans cette capitale du sud du pays.

Le même jour ils ont repris l'aéroport d'Aden et continuent d'avancer dans d'autres secteurs de la ville.

«Nos combattants, équipés de véhicules militaires modernes ont progressé dans le quartier de Crater et dans celui de Moualla où ils ont repris le siège du gouvernorat», a déclaré à l'AFP Ali al-Ahmadi, porte-parole d'un collectif anti-rebelles nommé «Résistance populaire dans le Sud».

L'offensive, surnommé Golden Arrow, représente la première avancée majeure des loyalistes depuis que la milice chiite Houthis a contraint le président Abd Rabbo Mansour Hadi à l'exil avec son gouvernement en Arabie Saoudite.

Signe des temps, trois ministres devaient revenir «dans les heures qui viennent» dans la capitale Aden, selon le porte-parole du gouvernement Rajih Badi.

Les ministres de l'Intérieur, de la Santé et des Transports vont «évaluer la situation et l'amplitude de la destruction».

«La plus grande partie de la ville est sûre», a-t-il ajouté à l'AFP, ajoutant que le gouvernement tente de sécuriser le reste d'Aden, la plus grande ville du Sud.

De violents combats se déroulaient à Crater où se trouve le palais présidentiel d'Aden. A Moualla, les rebelles s'opposaient à l'avancée des pro-Hadi, alors que la coalition a mené six raids avant l'aube contre les positions des insurgés pro-iraniens, selon des sources militaires et des témoins.

L'Arabie saoudite, poids lourd de la région et voisin du Yémen, a pris le 26 mars la tête d'une coalition arabe avec l'objectif affiché d'empêcher les rebelles Houthis de prendre le contrôle de tout le pays et par extension l'Iran d'élargir son influence à ses frontières.

A la faveur d'une offensive lancée en juillet 2014 de leur fief de Saada (nord), les Houthis ont, avec l'aide des soldats restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, réussi à prendre de vastes pans de territoire, dont la capitale Sanaa, avant de prendre pied à Aden.

«Urgence»

Une trêve humanitaire, annoncée la semaine dernière par l'ONU pour permettre l'acheminement d'une aide cruciale à des millions de Yéménites en détresse, ne s'est jamais matérialisée avec la poursuite des violences.

Environ 80% de la population -soit 21 millions de personnes- ont besoin d'aide ou de protection dans ce pays pauvre de la péninsule arabique et plus de 10 millions ont du mal à se nourrir ou à trouver de l'eau, selon l'ONU.

Le conflit a fait plus de 3200 morts, dont une moitié de civils, depuis mars, selon l'organisation internationale.

Mardi lors d'une conversation téléphonique, le président Barack Obama a évoqué avec le roi Salmane d'Arabie saoudite l'«urgence» de mettre fin aux combats au Yémen et «de l'importance de s'assurer que l'aide (internationale) parvienne à tous les Yéménites» piégés par le conflit, a annoncé la Maison Blanche.

Malgré l'échec de la trêve, le patron de l'ONU Ban Ki-moon a dit ne «pas perdre espoir et les discussions continuent» en vue d'une solution négociée.

Au premier jour de l'offensive baptisée «Flèche d'or pour la libération d'Aden», les forces pro-Hadi ont repris de vastes secteurs de Khor Maksar, le quartier de l'aéroport.

«Effondrement des Houthis»

L'aéroport avait été pris le 25 mars par les soldats de la 39e brigade blindée, dont le commandement était resté fidèle à l'ex-président Saleh.

La tour de contrôle et le terminal ont été sérieusement endommagés, alors qu'un avion présidentiel, touché dans les combats aux premiers jours de l'assaut rebelle contre Aden, n'est plus qu'un amas de ferrailles calcinés, selon un correspondant de l'AFP sur place.

«Après la reprise de Khor Maksar, il y a un effondrement dans les rangs des Houthis et de leurs alliés», a affirmé le porte-parole des pro-Hadi dans le sud.

Face à la progression de leurs adversaires, les rebelles ont bombardé aux obus de mortier et roquettes de type Katioucha des zones résidentielles dans le nord et l'est d'Aden, selon des responsables locaux.

En 24 heures, 12 civils ont été tués et 105 blessés dans les bombardements rebelles, a indiqué le chef du département de la santé à Aden qui a recensé 8 morts  dans les rangs des pro-Hadi.