L'ONU a annoncé jeudi une trêve de six jours dans les combats qui opposent le gouvernement yéménite soutenu par l'Arabie saoudite à des rebelles chiites, afin de permettre aux secours d'atteindre des millions de Yéménites en détresse.

Cette «pause humanitaire inconditionnelle» doit commencer vendredi à 23H59 locales et durer  «jusqu'à la fin du ramadan», mois sacré pour les musulmans, prévue le 17 juillet, a déclaré le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.

Le président yéménite en exil Abd Rabbo Mansour Hadi «a transmis son accord pour cette pause à la coalition» militaire arabe conduite par l'Arabie saoudite qui combat les rebelles chiites Houthis «afin de s'assurer de son soutien et de sa collaboration», a-t-il précisé.

Côté rebelles, l'ONU a reçu l'assurance des Houthis et de leurs alliés que leurs combattants respecteront «pleinement» la pause.

Une précédente trêve à la mi-mai avait duré cinq jours, mais les combats avaient ensuite repris de plus belle et n'ont pas cessé depuis.

Au moins 36 rebelles chiites ont été tués jeudi dans des attaques et des raids dans le sud du pays, deux jours après un attentat à la voiture piégée à Sanaa revendiqué par le groupe djihadiste État islamique.

M. Dujarric n'est pas allé jusqu'à confirmer explicitement que l'Arabie saoudite, qui dirige les opérations militaires arabes, avait accepté la trêve et allait cesser les raids aériens qu'elle mène quotidiennement depuis le 26 mars.

Mais il a affirmé que l'ONU avait reçu de tous les belligérants des assurances suffisantes pour lui permettre d'annoncer cette trêve.

«Une trêve humanitaire cela veut dire pas de combats, pas de bombardement pas de tirs», a-t-il martelé.

Plus de 3200 morts en 3 mois

L'ambassadeur adjoint britannique à l'ONU, Peter Wilson, s'est montré optimiste, estimant que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait «créé les conditions» pour les armes se taisent.

L'ONU réclamait depuis des semaines une accalmie afin de porter secours à la population yéménite, dont 80% --soit 21 millions de personnes-- ont besoin d'aide ou de protection et plus de 10 millions ont du mal à se nourrir ou à trouver de l'eau potable.

Les combats ont fait plus de 3200 morts depuis fin mars et chassé de leurs foyers un million de personnes, selon le Haut commissariat aux réfugiés (HCR).

Il y a une semaine, l'ONU avait attribué au Yémen son plus haut degré d'urgence humanitaire, évoquant des risques de famine.

«Il est impératif et urgent que l'aide humanitaire atteigne toutes les personnes vulnérables au Yémen», a affirmé M. Dujarric.

Il a réclamé un accès humanitaire «total et sans entraves à tout le pays, y compris par les aéroports et les ports», alors que les ports yéménites sont soumis à un blocus naval saoudien.

Ban Ki-moon «demande à toutes les parties au conflit de contribuer à éviter une catastrophe humanitaire», a-t-il souligné.

Le médiateur de l'ONU, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, va poursuivre ses consultations pour parvenir à un «cessez-le-feu durable» et mettre en place «un mécanisme permettant le retrait des forces, la libération des prisonniers politiques et la reprise d'un dialogue politique».

Le gouvernement yéménite et ses alliés arabes insistent sur un retrait préalable des Houthis des territoires qu'ils ont conquis, conformément à une résolution de l'ONU.

Les Houthis, soutenus par l'Iran et aidés par des unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, ont lancé l'été dernier une grande offensive qui leur a permis de prendre Sanaa et plusieurs régions du nord, du centre et de l'ouest.

Ils ont ensuite progressé dans le sud, obligeant le président Hadi à se réfugier en Arabie saoudite.

Jeudi, dans la province d'Abyane (sud), des combattants alliés au président Hadi ont tué 15 soldats de la 15e brigade d'infanterie, qui avait rejoint la rébellion, selon une source militaire.

À Aden, 17 rebelles ont été tués dans des raids de la coalition arabe, selon une source militaire pro-Hadi.

Au moins 36 rebelles tués dans le sud

Au moins 36 rebelles chiites ont été tués jeudi dans des attaques et des raids dans le sud du Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique ravagé par la guerre, selon des sources militaires et de sécurité.

Ces nouvelles violences meurtrières interviennent alors que l'ONU a annoncé une «pause humanitaire» dans les combats au Yémen à partir de vendredi en fin de soirée et jusqu'à la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, prévue le 17 juillet.

Dans la province d'Abyane, des combattants sudistes des Comités de résistance populaire alliés au président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, ont tué 15 rebelles en attaquant des points de contrôle de la 15e brigade d'infanterie, qui a fait défection et rejoint la rébellion chiite houthie, selon une source militaire.

Les combattants sudistes ont aussi assiégé le quartier général de la brigade, qui a ensuite été frappé par des raids de la coalition mise sur pied par l'Arabie saoudite pour défaire la rébellion.

Parallèlement, dans la province de Chabwa, des membres de tribus ont tués quatre rebelles houthis dans une embuscade, selon une source de sécurité locale.

À Aden, 17 rebelles ont été tués dans des raids de la coalition arabe, selon une source militaire pro-Hadi.

L'AFP n'a pu confirmer dans l'immédiat ces bilans auprès des sources médicales.

La coalition procède depuis le 26 mars à une campagne de frappes aériennes contre les rebelles chiites pour les empêcher de prendre le contrôle de l'ensemble du territoire yéménite.

Les Houthis, soutenus par l'Iran, ont, avec l'aide d'unités de l'armée restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, déclenché en juillet 2014 une offensive d'envergure, qui leur a permis de prendre la capitale Sanaa, puis plusieurs régions du nord, du centre et de l'ouest.

Ils ont ensuite progressé dans le sud, obligeant le président Abd Rabbo Mansour Hadi à fuir Aden, où il s'était réfugié, pour s'exiler en Arabie saoudite.