La faim, le chômage, les blessures, les maisons démolies, le désespoir. Les «racines profondes» des problèmes qui ont mené à la guerre de l'été dernier dans la bande de Gaza sont toujours présentes, a prévenu l'ONU hier, un an jour pour jour après le début de l'opération Bordure protectrice. Voici quatre éléments préoccupants.

Encore des blessés

Les blessures qu'a entraînées le conflit meurtrier de l'été dernier ne sont toujours pas prêts d'être soignées et les enfants en souffrent particulièrement. «La majorité de nos patients ayant besoin de soins chirurgicaux ou de kinésithérapie liés à des blessures de guerre ont moins de 18 ans», soulignait hier Médecins sans frontières (MFS) dans un communiqué, rappelant par ailleurs que 70 établissements de santé ont été détruits dans les bombardements. Les conditions de vie exécrables résultant de la guerre sont aussi responsables de nouvelles blessures, ajoute l'organisation, notamment en raison de l'utilisation de produits de chauffage dangereux. «En juin, dans notre clinique de Gaza, la grande majorité de nos patients étaient victimes de brûlures, dont 60% d'enfants», affirme le chef de mission de MSF à Jérusalem, Erwan Grillon.

Aucune reconstruction

Les 50 jours de guerre de l'été dernier constituent le conflit le plus long, le plus meurtrier et le plus destructeur des trois qui ont eu lieu en six ans dans la bande de Gaza, tuant 1500 civils, dont le tiers étaient des enfants. La destruction a aussi jeté 120 000 personnes à la rue, mais «315 jours après le cessez-le-feu, pas une seule maison détruite, sur plus de 12 000, n'a été reconstruite», s'est indigné le commissaire général de l'Agence de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNRWA), Pierre Krähenbühl. Malgré ce qui avait été convenu lors du cessez-le-feu, à ce jour, aucune rencontre n'a eu lieu entre Palestiniens et Israéliens pour discuter de la rénovation de l'aéroport de Gaza, de la construction d'un port et de la levée du blocus.

Levée du blocus réclamée

Le blocus imposé il y a maintenant neuf ans par Israël à la bande de Gaza empêche essentiellement la reconstruction de la bande de Gaza et les appels à sa levée ont été réitérés, hier. «Bon nombre des restrictions sont punitives, elles sont conçues pour rendre la vie à Gaza horrible», a indiqué hier à La Presse le professeur Rex Brynen de l'Université McGill. S'il dit comprendre certaines inquiétudes israéliennes, il estime en revanche qu'il n'y a «aucune raison pour que Gaza ne puisse faire des exportations». Le blocus israélien, dont le maintien est selon lui attribuable à une «inertie politique», paralyse ainsi l'économie gazaouie. «C'est un peu comme si vous vous attendiez à ce que l'économie de Montréal survive alors qu'il y aurait des gardes armés sur tous les ponts qui ne laisseraient passer que 100 camions par jour.»

Bombe à retardement

À la liste des problèmes déjà énumérés s'ajoutent les pénuries d'électricité, l'insécurité alimentaire qui touche 73% des 1,8 million d'habitants s'entassant dans l'enclave et le chômage, «parmi les plus élevés du monde». L'UNRWA estime qu'un nouvel affrontement est peut-être inévitable. «En ne s'attaquant pas aux problèmes fondamentaux, on ne fait que relancer le compte à rebours pour le prochain cycle de violence», a indiqué le directeur des opérations, Robert Turner, à l'Agence France-Presse. L'ancien ambassadeur canadien en Israël Michael Bell, aujourd'hui professeur à l'Université de Windsor, en Ontario, se fait plus rassurant. «Je pense qu'aucune des deux parties ne peut se permettre [une nouvelle guerre]», analyse-t-il. Selon lui, «Israël se sent actuellement sous pression» et les effets commencent à se faire sentir. Il en veut pour preuve la recommandation de lever partiellement le blocus faite récemment par des officiers supérieurs israéliens, afin de donner à Gaza «de l'air à respirer».