Neuf employés afghans d'une ONG tchèque ont été tués dans la province de Balkh (nord de l'Afghanistan), dans une nouvelle attaque visant des humanitaires dans le pays, a-t-on appris mardi auprès de l'ONG et de responsables locaux.

Parmi les victimes figure une femme, a précisé à l'AFP Abdul Razaq Qaderi, adjoint au chef de la police de Balkh, une des provinces habituellement les plus calmes du pays.

M. Qaderi a accusé les rebelles talibans d'être derrière cette attaque, qui s'est produite dans la nuit de lundi à mardi et n'avait pas été revendiquée mardi.

La résidence où logeaient les employés de l'organisation People in Need (PIN) a été attaquée par des hommes armés. Les employés dormaient lorsque les assaillants ont fait irruption, selon le directeur Afghanistan de PIN Ross Hollister.

Il a précisé à l'AFP que «deux chauffeurs, deux gardes et cinq employés, dont une femme» avaient été tués.

Dans un communiqué posté sur son site internet mardi, l'organisation basée à Prague a déploré l'attaque et annoncé qu'elle suspendait «immédiatement toute activité en Afghanistan» et adoptait «des mesures pour renforcer la sécurité» de ses employés dans le pays.

Et dans une déclaration à la télévision publique à Prague, le directeur de PIN, Simon Panek, a confirmé les mesures prises, ajoutant que les employés afghans allaient «notamment limiter leurs sorties sur le terrain».

Les organisations humanitaires ont été régulièrement attaquées ces dernières années en Afghanistan : en 2014, 57 travailleurs humanitaires y ont été tués selon la mission de l'ONU sur place.

Le 13 mai dernier, une attaque des talibans sur une résidence fréquentée par des étrangers a fait 14 morts, en majorité des travailleurs humanitaires étrangers et afghans.

En avril, les corps de cinq travailleurs humanitaires afghans travaillant pour Save the Children, avaient été retrouvés criblés de balles, dans la province d'Uruzgan (sud).

À Kaboul, la dernière attaque marquante directe contre une organisation humanitaire avait visé l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) en mai 2013. Une humanitaire italienne avait alors été tuée.

L'ONG PIN est présente en Afghanistan depuis 2001 et travaille dans le secteur de l'éducation et du développement.

Cette attaque s'inscrit dans un contexte de combats quasi quotidiens entre les forces gouvernementales et les insurgés islamistes qui ont lancé leur «offensive de printemps» fin avril.

Le nord, hormis la région instable de Kunduz, à un peu plus de 100 km à l'est de Mazar-i-Sharif, est habituellement épargné par les attaques rebelles, qui se concentrent surtout au sud et à l'est, principaux bastions des talibans.

Cette nouvelle «saison des combats» est la première sans la présence massive des forces internationales, après les 13 années de conflit qui ont suivi la chute du régime taliban en 2001.

Depuis le départ de l'essentiel des troupes de combats de l'OTAN en décembre, les forces de sécurité afghanes sont seules face à l'insurrection talibane. Une force résiduelle de quelque 12 500 hommes est restée sous la bannière de l'OTAN pour assurer la formation de l'armée locale jusqu'en 2016.

Parallèlement, les efforts du président afghan Ashraf Ghani arrivé au pouvoir en septembre 2014, pour tenter de mener les talibans à la table des négociations à la faveur notamment d'un rapprochement diplomatique avec le Pakistan voisin, n'ont pas porté les fruits escomptés à ce jour.