Des heurts ont éclaté dimanche entre extrémistes juifs, policiers, et Palestiniens dans Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, lors d'un défilé marquant le 48e anniversaire de la «réunification» de la ville.

Des milliers de personnes ont participé à cette «marche aux drapeaux»: ils ont défilé dans la Vieille ville pour se rendre au Mur des Lamentations, le lieu le plus sacré du judaïsme, en passant par le quartier musulman.

Lors d'un incident, «des échauffourées ont opposé plusieurs dizaines de musulmans à un groupe de juifs», a indiqué la police dans un communiqué.

Deux officiers ont été blessés par des pierres lancées par des Palestiniens, et au moins quatre protestataires palestiniens arrêtés près de la porte de Damas, à l'entrée de la Vieille ville, selon la police.

Les protestataires palestiniens ont été dispersés par des policiers armés de bâtons, certains à cheval.

Un caméraman travaillant pour la chaîne de télévision française TF1 a été frappé par des manifestants juifs avec des mâts de drapeau, a rapporté à l'AFP le producteur Michael Illouz. Selon lui, Jamil Kadamani a été conduit à l'hôpital après avoir été frappé à la tête, au dos et aux mains.

Selon plusieurs témoins, des journalistes ont par ailleurs été bousculés par la police.

Selon d'autres, au moins deux Palestiniens ont été blessés lors des heurts. Une vidéo montre un homme emmené sur un brancard par un membre de la Croix-Rouge.

Le «Jour de Jérusalem» célèbre l'occupation, en juin 1967, de la partie orientale de la ville, avant son annexion.

Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale, ce qui n'a pas empêché Israël de construire une quinzaine de quartiers de colonisation à Jérusalem-Est, où vivent plus de 200 000 Israéliens.

«Marche de la haine»

Les Palestiniens veulent faire de Jérusalem-Est la capitale de l'État auquel ils aspirent, ce que refusent les dirigeants israéliens.

«Jérusalem a toujours été la capitale du peuple juif et celle d'aucun autre peuple», a de nouveau martelé dimanche le Premier ministre Benyamin Nétanyahou. «Jérusalem divisée est un souvenir du passé, le futur appartient à une Jérusalem unie».

Pour tenter de prévenir les incidents, la police avait déployé d'importants renforts d'hommes en uniforme et en civil. «Les forces de l'ordre feront preuve d'une tolérance zéro contre toute manifestation de violence physique ou verbale», avait prévenu la police.

Deux ONG avaient saisi la Cour suprême pour modifier le tracé du défilé, afin qu'il ne passe pas par le quartier arabe.

Mais, la Cour a rejeté la semaine passée cet appel, tout en disant le faire avec le «coeur lourd». Elle a souligné dans son jugement qu'aucune tolérance ne devait avoir lieu envers les personnes impliquées dans les violences et que la police devait arrêter quiconque scanderait «mort aux Arabes».

La «Paix Maintenant», une ONG israélienne opposée à la colonisation des territoires palestiniens, a dénoncé dans un placard publicitaire publié dimanche en une du Haaretz, un quotidien d'opposition, cette «journée de Jérusalem», en soulignant que «dans les quartiers arabes de Jérusalem vivent 2500 colons (israéliens) au coeur d'une population de 300 000 Palestiniens».

«Jérusalem-Est n'est pas ma capitale», a proclamé ce mouvement.

Des groupes de gauche, dont des jeunes du parti Meretz, avaient appelé à un contre-rassemblement pour dénoncer cette «marche de la haine». Une centaine de personnes y ont participé, sans incident, selon un journaliste de l'AFP.

La marche du «Jour de Jérusalem» est devenue un «lieu de concentration de groupes extrémistes» israéliens, et est marquée régulièrement par «des insultes racistes, des destructions de biens et des violences physiques contre des Palestiniens habitant Jérusalem», a dénoncé le groupe Tag Meir. Il a indiqué que ses membres allaient se rendre dans le quartier musulman, en tendant des fleurs aux habitants dans un geste de paix et de coexistence.