Un attentat suicide des talibans a fait trois morts dimanche à Kaboul, un Britannique travaillant pour la mission de police européenne en Afghanistan et deux jeunes afghanes, alors que les insurgés multiplient les attaques au coeur de la saison des combats.

Cette attaque, qui a eu lieu près de l'aéroport de Kaboul, intervient quatre jours après un raid nocturne des insurgés contre une résidence hôtelière de Kaboul qui a fait 14 morts, pour la plupart des étrangers venus assister à un concert de musique afghane.

Le Britannique tué dimanche matin était un membre de la société de sécurité travaillant avec la mission policière de l'UE (Eupol), a précisé dans un communiqué la responsable de l'Eupol en Afghanistan Pia Stjernvall, en qualifiant l'attaque de «tragique et de lâche».

Trois autres personnes qui se trouvaient à bord du véhicule touché ont été blessées sans gravité, selon l'Eupol.

Dans l'après-midi, le secrétaire au Foreign Office britannique Philip Hammond a confirmé la mort du Britannique travaillant pour l'UE. «C'est la seconde attaque en quelques jours revendiquée par les talibans et je condamne fermement ces actes lâches», a-t-il écrit dans un communiqué.

L'attentat, perpétré par un kamikaze à bord d'une voiture, a été revendiqué par les talibans dimanche via leur compte Twitter officiel. Les insurgés, qui exagèrent souvent le bilan des attaques, ont assuré, via leur porte-parole Zabihullah Mujahid, avoir tué «sept soldats occupants» et en avoir blessé cinq autres.

Le président afghan Ashraf Ghani a également condamné l'attaque dans un communiqué dimanche après-midi. «Le meurtre de civils, en particulier des femmes et des enfants, montre que les terroristes sont battus sur le terrain par nos forces de sécurité», a-t-il écrit.

Outre le professionnel de la sécurité britannique, deux jeunes femmes afghanes civiles ont été tuées dans cette attaque, ont indiqué à l'AFP des sources policières.

Cibles étrangères

Sediq Sediqqi, le porte-parole du ministère de l'Intérieur, a précisé sur son compte Twitter: «Dans l'attaque d'aujourd'hui deux femmes ont été tuées, et 18 personnes -- 8 femmes, 7 hommes, 3 enfants -- ont été blessées».

Ce bilan a été confirmé par le Dr Khalilullah Hodkhil, directeur adjoint de l'hôpital Wazir Akbar Khan, qui précise que les blessés «sont pris en charge et (que) leurs blessures ne sont pas graves».

Selon l'Eupol, deux véhicules se trouvaient sur les lieux au moment de l'explosion, mais un seul a été affecté par l'attentat.

Najib Danish, le porte-parole adjoint du ministère de l'Intérieur, a expliqué qu'outre le véhicule de l'Eupol, trois véhicules civils ont aussi été endommagés.

L'Eupol est présente en Afghanistan depuis 2007 et contribue à la formation de la police afghane. Son mandat actuel s'étend jusqu'au 31 décembre 2016.

Le 5 janvier dernier, un attentat des talibans avait déjà visé un convoi de l'Eupol à Kaboul. Aucun membre de la mission n'avait été tué, mais un civil afghan avait péri.

Cette attaque de dimanche intervient dans un contexte de combats quasi quotidiens entre les forces gouvernementales et les insurgés islamistes. Les talibans, qui ont lancé leur offensive de printemps fin avril, visent également des cibles étrangères présentes en Afghanistan.

Cette nouvelle «saison des combats» est la première sans la présence massive des forces internationale, après les 13 années de conflit qui ont suivi la chute du régime taliban en 2001.

Depuis le départ de l'essentiel des troupes de combats de l'OTAN en décembre, les forces de sécurité afghanes sont seules face à l'insurrection talibane. Une force résiduelle de quelque 12 500 hommes est restée sous la bannière de l'OTAN pour assurer la formation de l'armée locale jusqu'en 2016.

Mercredi, lors d'une réunion de l'OTAN à Antalya (Turquie), le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg a indiqué que l'organisation garderait une mission civilo-militaire réduite en Afghanistan après 2016, chapeautée par des civils.

La nouvelle a été condamnée «fermement» vendredi par les talibans, qui réclament le départ de toute présence étrangère sur le sol afghan comme préalable à d'éventuelles négociations de paix avec le gouvernement de Kaboul.