L'aide humanitaire a commencé à arriver mercredi au Yémen à la faveur d'une trêve après sept semaines de combats et de raids aériens de la coalition menée par l'Arabie saoudite contre les rebelles chiites.

Le cessez-le-feu semblait globalement respecté même si  les autorités saoudiennes ont dénoncé des tirs d'obus contre ses provinces du Sud depuis le Yémen. Elles ont affirmé «adopter une attitude de retenue par respect à la trêve».

La distribution de l'aide a repris grâce à la cargaison de carburant d'un navire affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM) qui a accosté dimanche au port de Hodeida sur la mer Rouge, a annoncé à l'AFP une source portuaire.

Dans l'espoir de remplir leur réservoir en pleine pénurie d'essence, des automobilistes faisaient la queue dans les stations service comme à Sanaa, a rapporté un correspondant de l'AFP.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a exhorté les belligérants à respecter la trêve et «permettre l'entrée et la livraison des secours essentiels à la population civile, y compris la nourriture, les médicaments et le carburant».

La trêve humanitaire est entrée en vigueur mardi à 23h00 à l'initiative de l'Arabie saoudite, qui a pris le 26 mars la tête d'une coalition contre les rebelles Houthis soutenus par l'Iran qui menaçaient de prendre le contrôle de l'ensemble du Yémen, frontalier du royaume pétrolier.

Au moins 1578 personnes ont été tuées et 6504 blessées depuis lors, selon un nouveau bilan établi au 9 mai et communiquée mercredi par l'Organisation mondiale de la Santé.

Affectée par une crise humanitaire jugée «catastrophique» par l'ONU et des ONG, la population exprimait son soulagement face à l'arrêt des raids.

«Sanaa a vécu une nuit calme après qu'ont cessé les déflagrations des missiles de la DCA et les bombardements qui faisaient peur à la population», a déclaré Tawfic Abdelwahab, un habitant de la capitale, contrôlée par les rebelles chiites.

«Nous espérons que cette trêve deviendra permanente. Nous avons finalement réussi à dormir tranquillement», a déclaré Mohamed al-Saadi, 25 ans, un autre habitant de Sanaa.

La coalition a prévenu les Houthis qu'elle reprendrait ses raids aériens en cas de violation du cessez-le-feu et annoncé poursuivre ses opérations de «renseignement, de reconnaissance et de surveillance» au dessus du Yémen.

Une trêve prolongée? 

Mercredi à l'aube, les rebelles ont tiré des missiles anti-aériens à Sanaa alors que des avions de reconnaissance de la coalition ont brièvement survolé la ville, ont indiqué des témoins.

Des habitants et des combattants anti-rebelles ont fait état de brèves escarmouches dans les provinces de Dhaleh et de Chabwa ainsi qu'à Taëz (sud-ouest) et à Mareb, à l'est de Sanaa, peu après le début du cessez-le-feu.

En fin d'après-midi, des accrochages, parfois aux canons de char, ont éclaté dans des quartiers de Taëz, ont indiqué des responsables locaux.

Un porte-parole du département d'État a affirmé que la trêve tenait «globalement», même si des informations ont fait état d'accrochages après le début du cessez-le-feu. «Nous exhortons toutes les parties à continuer à (...) remplir leur engagement à la retenue», a déclaré le porte-parole Jeff Rathke.

Cette trêve de cinq jours vise à permettre la livraison de matériel de secours désespérément attendus par la population, bien que les organisations humanitaires ont averti qu'elles avaient besoin de plus de temps.

Médecins sans frontières (MSF) veut «profiter de la trêve qui semble effective» pour élargir ses interventions dans le pays, a déclaré mercredi à l'AFP sa représentante au Yémen, Marie-Elisabeth Ingres.

Mais cette trêve de cinq jours n'est «pas suffisante eu égard aux besoins de la population», a-t-elle ajouté, en indiquant qu'un avion affrété par MSF et transportant notamment du personnel médical était attendu mercredi et un deuxième suivra jeudi.

La situation est «catastrophique» car le Yémen «manque de tout», explique pour sa part Dominique Burgeon, expert des situations d'urgence à l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO). «La population est victime de l'insécurité liée au conflit mais également du manque d'accès au carburant, à l'électricité et à l'eau, tant dans les zones urbaines que les zones rurales.»

D'autre part, Téhéran a sévèrement mis en garde les États-Unis si un bateau iranien d'aide humanitaire était empêché d'atteindre le Yémen. Un haut gradé à Téhéran, le général Masoud Jazayeri, a laissé entendre que l'Iran avait bien l'intention de délivrer l'aide dans un port yéménite, et non via la plateforme mise en place par l'ONU à Djibouti, comme le lui a demandé Washington.