L'Arabie saoudite a promis samedi de prendre en charge le coût des opérations humanitaires de l'ONU au Yémen, où la coalition arabe qu'elle dirige mène des frappes aériennes contre une rébellion chiite liée à Téhéran.

Depuis le début, le 26 mars, de l'intervention militaire de la coalition, des centaines de personnes ont été tuées et des milliers de familles ont été déplacées par les violences, selon l'ONU.

Alors que Riyad accuse régulièrement Téhéran d'armer les rebelles chiites dits Houthis, le président iranien Hassan Rohani a affirmé que les forces armées de son pays ne menaçaient personne dans la région et avaient une stratégie purement défensive.

Sur le terrain, de nouvelles violences ont fait au moins 52 morts, en majorité des rebelles, dans le sud du pays, portant à 128 le nombre des personnes tuées en moins de deux jours, selon un bilan compilé par l'AFP à partir de sources médicales, militaires et tribales.

Vingt-sept personnes ont notamment été tuées à Taëz (sud-ouest), la troisième ville du Yémen, dans de violents combats entre rebelles et forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi.

Après s'être emparés de la capitale Sanaa et de vastes régions depuis septembre, les rebelles chiites tentent avec le soutien d'unités militaires restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh de prendre le contrôle du reste du pays.

Devant leur progression vers le Sud, le président Hadi a dû fuir Aden, la deuxième ville du pays, où il s'était réfugié, pour s'exiler en Arabie saoudite.

Soldat saoudien tué 

Depuis le 26 mars, la coalition arabe a mené plus de 2000 raids aériens, a annoncé son porte-parole, Ahmed Assiri, lors de son point de presse quotidien à Riyad.

Il a en outre fait état de la mort vendredi d'un soldat saoudien dans la province de Najrane (sud) lors d'accrochages avec les rebelles Houthis à la frontière. C'est le 7e soldat à périr dans cette zone depuis le début de la crise.

Alors que la population yéménite manque de tout en raison des combats et des raids, l'ONU et ses partenaires humanitaires ont lancé vendredi un appel à une aide urgente de près de 274 millions de dollars pour répondre aux besoins vitaux des 7,5 millions d'habitants affectés par le conflit.

La réponse est venue rapidement de Riyad, où le roi Salmane Ben Abdel Aziz a assuré qu'il réglerait la totalité du montant réclamé par l'ONU.

Le royaume «se tient aux côtés du peuple yéménite frère» et espère «le rétablissement de la sécurité et de la stabilité» dans ce pays, a indiqué le cabinet royal dans un communiqué.

À ce sujet, M. Assiri a promis pour les prochains jours la mise en place d'un pont maritime pour l'acheminement de l'aide humanitaire.

La mise en place d'un tel pont sera rendue possible après la décision de Djibouti d»ouvrir ses eaux territoriales et son espace aérien» aux forces de la coalition, a-t-il ajouté.

Médecins sans frontières (MSF) a de son côté fait parvenir par avion samedi à Sanaa une cargaison «de plus de 70 tonnes de matériel médical», a déclaré à l'AFP sa représentante au Yémen, Marie-Elisabeth Ingres, qui a fait état aussi de l'arrivée au Yémen d'une nouvelle équipe médicale de cinq membres.

Jusqu'à 150 000 déplacés

De récents appels d'ONG à «une pause humanitaire» n'ont pas eu de suite alors que les civils paient un lourd tribut.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), les récentes violences ont fait 767 morts et 2906 blessés. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a de son côté déploré un manque cruel de médicaments, aliments et carburant.

Entre 120 000 et 150 000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du Yémen par les violences en cours, alors qu'il y avait déjà plus de 300 000 déplacés avant la crise actuelle, selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

La rébellion chiite a vivement critiqué le Conseil de sécurité de l'ONU pour sa résolution du 14 avril, qui la somme de se retirer des zones du Yémen qu'elle a conquises et lui impose des sanctions, dont un embargo sur les armes.

Le Conseil de sécurité «s'est rangé aux côtés du bourreau contre la victime», a écrit le Conseil politique de la rébellion dans un communiqué publié vendredi, quatre jours après l'adoption de la résolution.