Au moins 18 soldats afghans ont été tués, dont huit ont été décapités, au cours d'une rare attaque des talibans dans une région reculée du nord-est de l'Afghanistan, ont annoncé lundi des responsables.

L'attaque est survenue vendredi dernier dans le district de Jurm de la province du Badakhshan, ont souligné ces responsables qui disent avoir déclenché une opération pour tenter de retrouver une dizaine d'autres soldats qui manquent à l'appel après ces combats.

«Dix-huit membres des forces de sécurité ont malheureusement perdu la vie, dont huit qui ont été décapités. Dix soldats ont été blessés et dix autres manquent toujours à l'appel», a déclaré à l'AFP le porte-parole des autorités du Badakhshan, Naweed Frotan.

Les talibans afghans du mollah Omar n'ont pas l'habitude de pratiquer la décapitation contrairement aux talibans pakistanais du mollah Fazlullah et à l'organisation État islamique (EI) qui contrôle des pans entiers des territoires de la Syrie et de l'Irak et dont la présence en Afghanistan commence à inquiéter des responsables locaux.

En septembre dernier, une vingtaine de soldats afghans avaient toutefois été retrouvés décapités à l'issue d'affrontements à Ghazni, province du sud-est considérée par certains analystes comme étant potentiellement un terreau fertile pour l'EI.

Dans un communiqué, le ministère afghan de la Défense a confirmé lundi l'attaque du Badakhshan qui coïncide avec le début, lié au redoux printanier, de la saison traditionnelle des combats en Afghanistan.

Les talibans, qui ont tendance à gonfler les bilans de leurs attaques, ont revendiqué cet assaut au Badakhshan, affirmant avoir tué 40 soldats. Les autorités locales ont quant à elles assuré avoir tué 20 insurgés, y compris des djihadistes étrangers.

L'OTAN a mis fin en décembre dernier à sa mission de combat en Afghanistan. Mais elle y maintient encore 12 500 soldats, dont 9800 Américains, afin de former les forces afghanes qui en sont à leur première «saison des combats» sur la «ligne de front» face aux insurgés.

Ces nouveaux affrontements interviennent par ailleurs au moment où le président afghan Ashraf Ghani tente de convaincre les talibans de s'engager dans un processus de paix afin de stabiliser l'Afghanistan endeuillé par plus de 35 années de conflits.

Mais les insurgés islamistes refusent officiellement pour l'heure de participer à de tels pourparlers, exigeant au préalable le retrait des forces étrangères encore déployées dans ce pays et dont le mandat arrive à échéance à la fin 2016.