Le président israélien Reuven Rivlin a officiellement chargé mercredi Benyamin Nétanyahou de former son quatrième gouvernement, appelé à réparer les dégâts causés aux relations avec les États-Unis et à faire face à une imminente offensive diplomatique palestinienne.

Après avoir provoqué l'une des plus graves crises depuis longtemps avec l'administration américaine en enterrant pendant la campagne électorale l'idée d'un État palestinien s'il conservait son poste, M. Nétanyahou a adopté vis-à-vis des Palestiniens un langage de principe mêlant bonne volonté et fermeté.

«Notre main est tendue en signe de paix vers nos voisins palestiniens et le peuple d'Israël sait que la paix véritable, ainsi que notre avenir, ne seront assurés que si Israël est fort», a-t-il dit devant la presse au moment où le président lui confiait la tâche de former le nouveau gouvernement.

La désignation de M. Nétanyahou, au pouvoir depuis 2009, ne faisait aucun doute depuis qu'il a triomphé du centre gauche et des sondages aux législatives du 17 mars, et plus encore depuis qu'il s'est assuré une claire majorité parlementaire de droite de 67 sièges sur 120 lundi.

Le discours de M. Nétanyahou a clairement énoncé les défis immédiats de son futur gouvernement: les menaces sécuritaires, les relations avec les États-Unis, le nucléaire iranien, le conflit israélo-palestinien, les disparités sociales.

M. Rivlin a, lui, fait figurer les relations capitales avec les États-Unis en haut de la feuille de route qu'il a détaillée.

Critiques de Rivlin 

«Nous préserverons notre alliance avec le meilleur de nos amis, les États-Unis, mais nous continuerons à agir pour stopper l'accord qui se profile avec l'Iran et qui nous menace, nous, nos voisins et le monde entier», a dit M. Nétanyahou.

L'opposition de ce dernier à ce que pourraient être les termes d'un accord entre l'Iran d'une part, les États-Unis et cinq autres puissances d'autre part sur le programme nucléaire iranien sont l'un des motifs de l'exaspération américaine, exacerbée par la campagne électorale de M. Nétanyahou.

La Maison Blanche n'a pas du tout apprécié l'intervention exceptionnelle de M. Nétanyahou sur ce sujet devant le Congrès américain le 3 mars, deux semaines avant les élections chez lui.

Dans la suite de sa campagne, il a soumis la patience du grand allié américain à encore plus rude épreuve.

Il a enterré l'idée d'un État palestinien; il a promis de poursuivre la colonisation; il s'est opposé à ce que Jérusalem-Est devienne la capitale d'un État palestinien; le jour du scrutin il brandissait le spectre d'un vote «en masse» des Arabes israéliens.

Peu avant de le désigner officiellement, M. Rivlin l'a ouvertement critiqué pour ces déclarations.

«Celui à qui un bulletin dans une urne fait peur finira par voir des pierres jetées dans la rue», a dit M. Rivlin, en allusion à de possibles violences de la part de citoyens  arabes israéliens.

Consultations dès jeudi 

Depuis sa victoire, M. Nétanyahou doit assumer les conséquences de la surenchère à laquelle il s'est livré. Il s'est dit désolé d'avoir blessé les Arabes israéliens et a essayé de nuancer ses propos sur l'État palestinien.

Mais le président Barack Obama a clairement signifié mardi que la pilule ne passait pas. L'administration a dit qu'elle allait devoir réévaluer sa politique et peut-être son soutien à Israël dans les organisations internationales.

«Les États-Unis se rendent enfin compte que les agissements israéliens ne sont plus acceptables», a réagi la dirigeante palestinienne Hanan Ashrawi.

La direction palestinienne prévoit de déposer le 1er avril ses premières plaintes pour crimes de guerre contre des dirigeants israéliens à la Cour pénale internationale.

Les discussions formelles pour un nouveau gouvernement israélien devraient commencer jeudi. M. Nétanyahou, 65 ans, au pouvoir depuis 2009 après un premier mandat de 1996 à 1999, aura 28 jours, éventuellement renouvelables 14 jours, pour constituer son gouvernement.

C'est à priori un cabinet penchant encore plus à droite qui s'annonce, même si les spéculations sur un gouvernement d'union  incluant les travaillistes ne se sont pas complètement tues.

Il faudra à M. Nétanyahou concilier les exigences des membres de son parti Likoud, des partis nationalistes Foyer juif et Israël Beiteinou, des formations ultra-orthodoxes Shass et Liste Unifiée de la Torah et du parti de centre droit Koulanou.

Les plus gros portefeuilles, la Défense, les Finances et les Affaires étrangères, sont très convoités. Seul les Finances semblent assurées d'échoir à Moshe Kahlon, ancien du Likoud et chef de Koulanou.