Les Palestiniens ont annoncé mardi qu'ils intensifieraient leurs efforts contre Israël sur la scène diplomatique et devant la Cour pénale internationale (CPI), aussitôt après avoir pris connaissance des premiers résultats des élections israéliennes.

Les sondages à la sortie des urnes au soir des élections parlementaires placent le Likoud du Premier ministre sortant Benyamin Nétanyahou au coude à coude avec le centre gauche. M. Nétanyahou, depuis six ans au pouvoir et bête noire des Palestiniens, semble avoir la plus grande marge de manoeuvre pour rester à la tête du gouvernement.

«Il est clair que le Premier ministre Benyamin Nétanyahou formera le prochain gouvernement et pour cela, nous disons clairement que nous irons au tribunal de La Haye (la CPI). Nous allons accélérer, poursuivre et intensifier» les efforts, a dit à l'AFP le responsable palestinien Saëb Erakat.

«Nous avons tous entendu les déclarations de Nétanyahou contre un État palestinien et en faveur de la poursuite de la colonisation: c'est désormais à la communauté internationale d'endosser l'initiative de la Palestine à la CPI et l'adhésion palestinienne à davantage d'organisations internationales», a-t-il ajouté.

Lundi, au dernier jour de campagne, M. Nétanyahou a réaffirmé qu'il ne rendrait pas Jérusalem-Est, occupée et annexée, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l'État auquel ils ambitionnent. Il a aussi dit que les Palestiniens n'auraient pas leur État avec lui au pouvoir.

«Ceux qui, dans la communauté internationale, protègent Nétanyahou sont ses complices», a dit M. Erakat, «quand il menace de tuer la solution à deux États, cela entre dans la catégorie des crimes de guerre».

Le dernier échec des négociations de paix remonte à avril 2014. Depuis, les Palestiniens ont tenté d'obtenir de l'ONU une résolution mettant un terme à l'occupation israélienne, et ont adhéré à la CPI avec l'intention de poursuivre les dirigeants israéliens pour crimes de guerre dès le 1er avril.

Côté israélien, de la droite extrême à la gauche, personne ne propose de démanteler les blocs de colonies de Cisjordanie occupée et ceux qui acceptent la création d'un État palestinien le veulent démilitarisé et morcelé.

Dans une tribune, l'écrivain palestinien Raja Shehadeh y voit la raison de «l'indifférence» des Palestiniens aux élections. Avant, écrit-il, ils espéraient une victoire des modérés, «aujourd'hui, ils ne voient plus de camp de la paix viable en Israël».

Le Hamas islamiste, qui tient Gaza, a lui affirmé «ne pas faire de différence entre les partis israéliens» à l'annonce des résultats provisoires, se disant «prêt et fort» en cas de nouvelle guerre avec Israël, près celle de juillet-août 2014.

Si les Palestiniens n'attendent rien du futur gouvernement d'Israël sur le plan diplomatique, ils en attendent beaucoup financièrement. Depuis début janvier, Israël refuse de leur reverser les taxes qu'il collecte pour eux en représailles à l'adhésion à la CPI. La facture avoisine aujourd'hui le demi-milliard de dollars.

Étranglée financièrement, l'Autorité ne peut plus payer ses 180 000 fonctionnaires. Le gouvernement l'a reconnu mardi, c'est «le flou» et le Trésor public est dans «une grave crise».

Condamnée à payer un demi-milliard de dollars de dommages à des victimes américaines d'attentats et en pleine crise politique, l'Autorité affirme qu'elle va rompre la coopération sécuritaire avec Israël et le forcer à reprendre en main le destin des près de 5 millions de Palestiniens.