La droite israélienne, emmenée par le premier ministre sortant Benyamin Nétanyahou, a tenté dimanche une démonstration de force en mobilisant ses troupes, à moins de 36 heures des législatives qu'il a convoquées mais pour lesquelles il n'est plus en position de force.

Environ 15 000 partisans du Likoud et de ses alliés, peu habitués des rassemblements publics, se sont massés en soirée sur la place Rabin de Tel-Aviv. Cette même place avait réuni il y a une semaine plus de 25 000 personnes venues protester contre M. Nétanyahou.

«On est la majorité et on doit le montrer», explique à l'AFP Sacha Teboul, un manifestant de 25 ans. «Il n'y a pas que les minoritaires de gauche qui savent manifester».

David Shulman, lui, dit participer à la première manifestation de sa vie «poussé par la peur». «Cette fois-ci, le bulletin de vote ne suffit pas, on doit montrer qu'on est là physiquement».

Retranché derrière un paravent transparent, le premier ministre sortant a prévenu: «il y a un vrai risque que la gauche arrive au pouvoir». «Même si, a-t-il aussitôt ajouté, nous savons que c'est moi que le public veut pour continuer à diriger ce pays».

«La réalité, c'est que nous n'avons pas encore un bloc de 61 mandats, il faut intensifier nos efforts et nous y arriverons», a encore plaidé la figure de proue de la droite, avant de laisser place à ses alliés dont le nationaliste religieux Naftali Bennett et Elie Yishaï, à l'extrême-droite.

Tous étaient rassemblés pour galvaniser les troupes, à moins de 24 heures de la clôture de la campagne, entamée confortablement par le premier ministre sortant avant qu'il ne baisse dans les sondages et les appels au «changement» après six années de gouvernement Nétanyahou.

Le centre, faiseur de roi

Car ces législatives s'annoncent serrées et se joueront, si l'on en croit les sondages, au centre. L'opposition menée par l'Union sioniste du travailliste Isaac Herzog devance de trois à quatre sièges le Likoud de M. Nétanyahou, un avantage qui ne garantit toutefois pas à M. Herzog le poste de premier ministre.

Dans le système israélien, ce n'est pas forcément le chef de la liste arrivée en tête qui forme le gouvernement, mais celui, parmi les 120 députés élus, le plus à même de constituer une coalition.

Alors que les deux grands partis sont au coude-à-coude, c'est Moshé Kahlon, un transfuge du Likoud qui a fondé son parti de centre-droit Koulanou et mise tout sur les questions sociales dans un État où les inégalités sont parmi les plus grandes des pays développés, qui fait désormais figure de faiseur de roi. Crédité de 8 à 10 mandats, il est l'objet de toutes les attentions, car pour plus de 55% des électeurs, le scrutin se jouera sur les questions sociales et économiques.

«Je ne pourrais pas constituer un gouvernement sans lui», a assuré M. Nétanyahou qui brigue un troisième mandat consécutif. «Quel que soit le nombre d'élus de son parti, il obtiendra le poste de ministre des Finances», a-t-il martelé.

Nétanyahou «panique»

«Dès qu'il baisse dans les sondages, il augmente les mensonges. Encore une fois, il panique et promet les Finances à Kahlon, mais plus personne ne le croit», a aussitôt rétorqué sur Facebook Isaac Herzog. Ce qui ne l'a pas empêché lui aussi de voir en M. Kahlon «un partenaire important».

M. Kahlon, ancien ministre de M. Netanyahu qui exige le portefeuille des Finances après une campagne centrée sur la crise du logement et la cherté de la vie, préfère lui maintenir le suspense.

M. Nétanyahou s'est d'ores et déjà dit hostile à un gouvernement d'union nationale, estimant qu'«un tel cabinet ne pourrait pas fonctionner tant les divergences sont profondes».

Il a de nouveau implicitement présenté l'Union sioniste comme le «parti de l'étranger» après qu'il a défié l'administration de Barack Obama en dénonçant devant le Congrès un accord nucléaire en cours de négociation avec l'Iran.

«Des gouvernements étrangers soutiennent des associations de gauche à coups de dizaines de millions de dollars car ils savent que (l'Union sioniste) céderait si elle arrivait au pouvoir à tous les ultimatums de la communauté internationale», a-t-il accusé. Pour lui, toute concession aux Palestiniens ne serait «pas pertinente».