Les derniers sondages autorisés avant les législatives israéliennes confortaient vendredi l'avance prise par la liste du travailliste Isaac Herzog sur celle de Benyamin Nétanyahou, malgré une intense campagne de dernière heure du premier ministre de droite sortant.

Trois enquêtes pour la radio publique, le journal à grand tirage Yediot Aharonot d'une part et deux autres quotidiens, Jerusalem Post et Maariv, d'autre part accordaient à l'Union sioniste conduite par M. Herzog une avance de quatre sièges sur le Likoud de M. Nétanyahou, quatre jours avant des élections très indécises mardi.

Dans le système israélien, ce n'est pas forcément le chef de la liste arrivée en tête qui est appelé à former le gouvernement, mais celui, parmi les 120 députés élus, qui sera le plus à même de constituer une coalition avec les autres groupes au Parlement.

Étant donné la dispersion annoncée des voix entre au moins onze listes de droite, de gauche, du centre, ultra-orthodoxes et arabe, la prochaine coalition de gouvernement reste un sujet de fiévreuse spéculation. Le nom du prochain premier ministre pourrait ne pas être connu avant plusieurs semaines.

Les derniers sondages confirment néanmoins que le Likoud de M. Nétanyahou, au pouvoir depuis 2009, ne progresse pas, voire perd du terrain, malgré le coup de collier donné par le premier ministre sortant.

«Accès de panique»

«La retraite, ce n'est pas mon affaire. Mon affaire, c'est la victoire», dit-il dans un entretien au Jerusalem Post qui lui demande s'il quittera la politique en cas de défaite.

Malgré le sur-place de son parti, M. Nétanyahou passe communément pour être mieux à même que M. Herzog de former une coalition.

Mais encore faut-il que les résultats soient conformes aux pronostics. Il peut se passer bien des choses en quatre jours, disent les politologues.

La donne serait changée si les scores de la liste de M. Herzog ou des listes courtisant les électeurs centristes étaient plus élevés que prévu, comme cela s'était produit en 2013 avec celle du nouveau venu Yaïr Lapid (centre).

Devant tant d'incertitudes, M. Nétanyahou s'est démultiplié dans les médias jeudi soir, à la veille du week-end juif, pour inciter les électeurs à se déplacer et ne pas disperser leurs voix.

Un rassemblement mobilisateur de la droite est prévu dimanche à 19 h (13 h à Montréal) à Tel-Aviv, une semaine après qu'un tel appel à gauche eut réuni des dizaines de milliers de personnes.

M. Herzog a vu dans l'activité redoublée de M. Nétanyahou la marque d'un «sévère accès de panique».

Les experts envisagent sérieusement un gouvernement d'union, devant l'extrême difficulté prévisible à forger une coalition plus durable que celle qui vient d'éclater après moins de deux ans d'existence, provoquant des élections anticipées deux ans avant la date prévue de 2017.

«Gouffre»

«Je ne crois pas en un gouvernement d'unité parce qu'entre nous et le Parti travailliste, il y a un gouffre», a dit M. Nétanyahou.

M. Herzog lui-même a allié son Parti travailliste au parti centriste HaTnuah de Tzipi Livni pour former l'Union sioniste. M. Herzog et Mme Livni se sont entendus pour gouverner tour à tour deux ans en cas de victoire.

En revanche, a dit M. Herzog, «je n'ai pas l'intention d'inclure Nétanyahou dans une quelconque rotation. J'ai l'intention de le remplacer».

Vendredi était le dernier jour où les sondages étaient autorisés.

Dans celui réalisé pour Yediot, l'Union sioniste remporte 26 sièges, le Likoud 22. Les deux autres enquêtes prédisent 25 sièges à l'Union sioniste et 21 au Likoud.

Dans les trois sondages, la liste des quatre partis arabes israéliens, la première liste d'union qu'ils aient jamais forgée dans l'histoire d'Israël, arrive troisième avec 13 sièges. Le Yesh Atid de Yaïr Lapid est également crédité de 11 à 13 mandats selon les cas.

Koulanou, la liste d'un ancien du Likoud pressenti comme possible faiseur de rois, aurait entre 8 et 10 députés.