Israël va construire 450 nouveaux logements pour des colons en Cisjordanie occupée, continuant en plein contexte électoral à passer outre à l'indignation palestinienne et à la réprobation américaine et internationale.

Presque immédiatement, la direction palestinienne a dénoncé un «crime de guerre», qui devrait relever de la Cour pénale internationale (CPI) à laquelle elle vient de demander son adhésion.

Pour les organisations israéliennes anticolonisation, il s'agit d'une manoeuvre électorale du premier ministre Benyamin Nétanyahou pour gagner le vote des colons, disputé par les autres partis de droite, en vue des législatives anticipées du 17 mars.

C'est aussi un camouflet de plus au grand allié américain qui considère, comme la communauté internationale, les colonies érigées en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est annexée illégales.

Les autorités israéliennes ont publié vendredi les appels d'offres pour l'extension de colonies déjà existantes en quatre points de Cisjordanie : 156 logements à Elkana, 114 à Adam, 102 à Kiryat Arba et 78 à Alfei Menashe, ont indiqué l'observatoire anticolonisation Terrestrial Jerusalem et l'organisation la Paix maintenant.

«On ouvre les écluses de la colonisation» - la construction d'habitations civiles dans les territoires occupés ou annexés par Israël depuis 1967 -, a dénoncé auprès de l'AFP Daniel Seidemann, chef de Terrestrial Jerusalem, s'inquiétant de possibles nouvelles annonces de colonies dans le contexte électoral.

Ces appels d'offres sont lancés dans un climat de vives tensions entre Israéliens et Palestiniens qui, exaspérés, viennent de demander leur adhésion à la CPI pour poursuivre les dirigeants israéliens.

«Il s'agit d'un crime de guerre qui devrait pousser la Cour pénale internationale à se saisir de la question des colonies», a déclaré à l'AFP Wassel Abou Youssef, un des dirigeants de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP).

Les Palestiniens ont dit, en demandant leur adhésion à la CPI, que la colonisation et tous les crimes qui y sont liés selon eux devaient faire partie du champ d'investigation de ce tribunal, chargé de juger les actes de génocide, crimes contre l'humanité ou crimes de guerre.

En représailles à cette demande d'adhésion, Israël a suspendu le reversement à l'Autorité palestinienne de 106 millions d'euros (152 millions de dollars) de taxes qu'il collecte pour son compte. Ces paiements sont vitaux pour l'Autorité déjà en grande difficulté financière.

«Une gifle de plus aux Américains»

La poursuite de la colonisation est non seulement l'un des facteurs de l'exaspération palestinienne, elle est aussi considérée comme un obstacle majeur à une résolution du conflit israélo-palestinien, y compris par l'allié américain d'Israël. Or les relations entre le gouvernement de Benyamin Nétanyahou et l'administration de Barack Obama sont particulièrement fraîches en ce moment.

M. Nétanyahou a une nouvelle fois pris à rebrousse-poil l'hôte de la Maison-Blanche en acceptant l'invitation de ses adversaires républicains à venir prononcer devant le Congrès un discours sur l'Iran, en plein bras de fer intérieur américain sur les activités nucléaires de la République islamique.

«Après avoir mis l'administration Obama dans l'embarras avec l'invitation au Congrès, Nétanyahou inflige une gifle de plus aux Américains», a dit la Paix maintenant.

Pour elle comme pour Terrestrial Jerusalem, «c'est un hold-up électoral de la part du gouvernement Nétanyahou».

Le ministère israélien de la Construction, dirigé par le ministre Uri Ariel, du parti ultra-nationaliste Foyer juif, a réfuté toute arrière-pensée électoraliste. Il a expliqué que les appels d'offres avaient déjà été lancés en 2014, mais n'avaient pas suscité de réponse. Dans un tel cas, ils sont relancés «automatiquement» par l'administration, dit le ministère dans un communiqué.

M. Seidemann a dit s'attendre à de possibles nouvelles annonces pré-électorales et peut-être au lancement des appels d'offres pour 2610 logements dans le quartier juif de Givat Hamatos, à Jérusalem-Est. Le projet a reçu un feu vert définitif des autorités israéliennes en octobre 2014.

À l'époque déjà, l'annonce avait donné lieu à des échanges secs entre Américains et Israéliens.

M. Nétanyahou pourrait ne pas s'en soucier, selon M. Seidemann : il a «tendance à agir sans vergogne quand il est en difficulté dans les sondages».