Les dirigeants du monde ont rendu un hommage appuyé au roi Abdallah d'Arabie saoudite, décédé vendredi, certains saluant un «défenseur de la paix au Moyen-Orient», d'autres un partisan du dialogue entre les musulmans et l'Occident.

Plusieurs dignitaires arabes et étrangers, dont le président turc Recep Tayyip Erdogan et le premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, ont assisté aux funérailles du monarque à Riyad. D'autres, comme le prince Charles d'Angleterre, y sont attendus samedi pour présenter leurs condoléances au nouveau roi Salmane.

Après l'annonce de la mort d'Abdallah âgé d'environ 90 ans, le président russe Vladimir Poutine a salué un «homme politique sage et un dirigeant qui jouissait de l'amour et du respect de ses sujets».

Les partenaires de l'Arabie saoudite au sein de la coalition internationale antidjihadistes lui ont aussi rendu hommage, alors que le Moyen-Orient est secoué depuis 2011 par des bouleversements assortis de conflits dévastateurs.

Le président américain Barack Obama a évoqué une «amitié véritable et chaleureuse» et souligné que les deux pays avaient «relevé ensemble de nombreux défis».

Son homologue français François Hollande, qui se rendra lui aussi en Arabie saoudite à une date non précisée, a estimé que la vision d'Abdallah «d'une paix juste et durable au Moyen-Orient reste plus que jamais d'actualité».

Le premier ministre britannique David Cameron, qui se rendra également au royaume wahhabite, a dit retenir son engagement «en faveur de la paix et du renforcement de la compréhension entre les religions».

Et le premier ministre canadien Stephen Harper a salué «un ardent défenseur de la paix».

«Le sage des Arabes»

De son côté, la chancelière allemande Angela Merkel a estimé que le feu roi avait défendu «le dialogue entre le monde musulman et l'Occident».

Dans la région, l'Iran chiite, dont les relations avec le rival sunnite saoudien ont été très tendues ces dernières années, a présenté ses condoléances et annoncé que son chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif, se rendrait à Riyad samedi.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a estimé qu'Abdallah était «le sage des Arabes, avec une vision globale du monde, notamment sur le dialogue entre les civilisations et les religions».

Le Liban, qui entretient des relations étroites avec Riyad, a dit avoir perdu un «défenseur et un partenaire».

Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a vu dans le roi quelqu'un «qui a veillé (...) à appuyer les causes de la justice, de la paix et du développement dans le monde arabe et musulman».

Son pays, comme l'Algérie, le Maroc et la Mauritanie et les territoires palestiniens, a déclaré trois jours de deuil et l'Égypte sept.

La Jordanie, dont le roi Abdallah II a quitté de manière anticipée le forum économique de Davos (Suisse), a déclaré 40 jours de deuil.

«Brassards noirs»

Ce décès «est non seulement une perte pour l'Arabie saoudite, mais également pour le Maroc et la nation islamique tout entière», a déploré le roi Mohammed VI.

Même en Israël, alors que les deux pays n'entretiennent pas de relations diplomatiques, le président Reuven Rivlin a salué un «dirigeant exemplaire par son jugement solide, réfléchi et responsable».

Pour Recep Tayyip Erdogan, le roi a contribué «au renforcement de la solidarité dans le monde musulman, en particulier en ce qui concerne la question palestinienne» et la guerre en Syrie.

Et à la Coupe d'Asie des nations de football (soccer) à Sydney, les joueurs des Émirats arabes unis, qui affrontaient le Japon, ont porté des brassards noirs.

L'Indonésie, le plus grand pays musulman, a rendu hommage «au défenseur de l'unité arabe», la Malaisie a salué son «initiative d'un dialogue interreligieux»et le président afghan Ashraf Ghani a évoqué ses efforts de médiation dans le processus de paix dans son pays.

Rare bémol

Le Japon et la Chine ont aussi vanté son rôle pour la stabilité du Moyen-Orient.

Très rare bémol à cette pluie d'hommages, Amnistie internationale a dénoncé un régime «insensible aux droits de l'homme» et les «nombreux pays occidentaux» qui l'ont «protégé».

L'ONG a donné l'exemple du cas du blogueur Raif Badawi, condamné pour «insulte à l'islam» à dix ans de prison et 1000 coups de fouet, une punition «médiévale» pour cette organisation.