Une Libanaise vivant aux États-Unis et élue récemment vedette du site pornographique américain Porn Hub déchaîne les passions dans son pays natal, réputé pour son atmosphère de liberté de moeurs, mais qui reste foncièrement conservateur.

Depuis que Mia Khalifa, 21 ans, née au Liban, mais résidant à Miami, a été classée la semaine dernière vedette numéro 1 de Porn Hub, les réseaux sociaux se sont emballés au Liban, certains la vouant aux gémonies, d'autres saluant son audace et défendant sa liberté d'user de son corps.

Dans un pays abonné aux mauvaises nouvelles comme les dissensions politiques ou les violences liées au conflit en Syrie voisine, la nouvelle a même été relayée par la presse écrite et les journaux télévisés de 20 h. «Mia Khalifa est la première Libanaise qui se vante publiquement d'exercer une telle profession», affirme la chaîne locale al-Jadeed.

«Tu es indigne. Tu es seulement un instrument du sexe», s'emporte une internaute sur Facebook, sur une image de la jeune brune à la poitrine généreuse à moitié nue. «Tu ne représentes pas le Liban!», s'insurge une autre sur Twitter, où Mia Khalifa a plus de 77 000 abonnés.

D'autres ont défendu sa «liberté», tout en exprimant des réserves. «Mia Khalifa n'a fait de mal à personne, elle est libre de disposer de son corps», lit-on sur le blogue libanais Philaz. Mais «nous sommes tout aussi libres de dire que ce qu'elle fait n'est pas du "libéralisme", mais une atteinte à la liberté».

«Nous ne pouvons que saluer Mia Khalifa pour son audace», affirme de son côté Nada, une utilisatrice de Twitter.

Réputé pour sa vie nocturne bruyante, ses sulfureuses chanteuses pop et une consommation d'alcool légale, contrairement à la majorité des autres pays arabes, le Liban reste toutefois un pays profondément marqué par les traditions et les tabous.

L'année dernière, une skieuse libanaise participant aux Jeux olympiques d'hiver, Jackie Chamoun, avait fait scandale lorsqu'une vidéo d'elle prenant la pose les seins nus sur une piste de ski avait choqué une partie de la population, mais également suscité une campagne de soutien.

Sur de nombreuses images, Mia Khalifa apparaît le bras gauche tatoué du premier vers de l'hymne national libanais, poussant certains à commenter, non sans ironie, que la jeune fille est «un nouvel exploit pour le Liban».

«Le Liban est toujours pionnier parmi les pays arabes,» a ironisé encore un internaute.

Certains, inspirés par l'actualité au Moyen-Orient marquée par la montée du groupe extrémiste État islamique (EI) et de son «calife» Abou Bakr al-Baghdadi, ont choisi de jouer sur les mots, «khalifa» signifiant calife en arabe.

«Qui préférez-vous comme calife? Mia ou Al-Baghdadi? Moi je préfère Mia Khalifa!», s'exclame un Libanais sur Twitter.