Beyrouth va imposer des visas aux Syriens pour la première fois dans l'histoire des deux pays, afin de juguler l'afflux de réfugiés au Liban qui en accueille déjà plus d'un million, selon les autorités.

Les nouvelles règles, publiées dans un document sur le site internet de la Sûreté générale libanaise, entrent en vigueur lundi et sont réparties sur six catégories de visas et deux catégories de séjour, octroyés à la frontière et non à l'ambassade du Liban à Damas.

Libanais et Syriens ont toujours voyagé librement à travers la frontière depuis l'indépendance de leur pays dans les années 40. Les ressortissants des deux pays devaient produire uniquement une pièce d'identité.

Ces nouvelles règles interviennent après une série de mesures prises par les autorités libanaises pour tenter de juguler l'afflux des Syriens fuyant la guerre dans leur pays.

En octobre, le ministre des Affaires sociales Rachid Derbas avait indiqué que le Liban ne recevait plus de réfugiés syriens, sauf exceptionnellement pour «des raisons humanitaires».

Avec la nouvelle mesure, «c'est la première fois dans l'histoire des deux pays que le Liban demande aux Syriens de préciser le motif de leur entrée», a indiqué samedi à l'AFP M. Derbas.

«L'objectif est d'empêcher (les Syriens) de se réfugier» au Liban et (...) de réguler l'entrée des Syriens de manière plus sérieuse», a-t-il poursuivi.

Sont ainsi octroyés des visas touristiques, médicaux, d'étudiants, de transit, pour consultation d'une ambassade étrangère ou pour ceux qui bénéficient d'une prise en charge par un Libanais.

Des séjours temporaires sont accordés aux hommes d'affaires et propriétaires d'un bien immobilier.

Le visa touristique requiert par exemple une réservation d'hôtel, une pièce d'identité valable ainsi que la possession de 1000 dollars.

Contacté par l'AFP, un porte-parole du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), Ron Edmond, a regretté le fait que les nouvelles règles n'incluent pas «explicitement une clause liée aux raisons humanitaires exceptionnelles comme prévu dans la politique gouvernementale d'octobre dernier».

«Nous comprenons les raisons citées par le gouvernement pour introduire ces règlements, mais il est de la responsabilité internationale du HCR de s'assurer que les réfugiés ne sont pas forcés à revenir à des situations où leur vie serait en danger», a-t-il précisé.

Le porte-parole a signalé que depuis le changement de politique libanaise en 2014, le HCR a enregistré une chute de plus de 50% du nombre de réfugiés syriens enregistrés auprès de l'agence entre septembre et novembre.

Parmi les pays voisins de la Syrie, le Liban est la nation qui reçoit le plus grand nombre de réfugiés proportionnellement à sa population de quatre millions d'habitants.

«Le HCR appelle de nouveau la communauté internationale à aider le Liban qui a été extrêmement généreux (...) et mérite plus d'aide qu'il ne reçoit actuellement», a indiqué M. Edmond.

La guerre brutale en Syrie a coûté la vie à plus de 200 000 personnes et jeté hors de chez elle près de la moitié de la population.