Israël a réaffirmé lundi sa détermination à empêcher tout «transfert d'armes» de la Syrie au Hezbollah libanais, tout en se gardant de confirmer sa responsabilité dans les frappes près de Damas que le régime syrien lui a imputées.

L'armée syrienne a accusé Israël d'avoir mené dimanche deux raids contre des secteurs tenus par ses soldats près de Damas, dont l'aéroport international, dénonçant un «soutien direct» israélien aux rebelles et jihadistes en guerre contre le régime de Bachar al-Assad.

«Nous avons une politique de défense intransigeante qui vise autant que possible à empêcher le transfert d'armes sophistiquées en direction d'organisations terroristes», a déclaré à la radio publique le ministre israélien des Renseignements, Youval Steinitz.

Ce membre du Likoud, le parti du premier ministre Benjamin Nétanyahou, faisait allusion au mouvement chiite Hezbollah, bête noire d'Israël.

Il n'a pas pour autant confirmé la responsabilité de son pays dans les raids qui ont visé selon le pouvoir syrien le secteur de Dimas et celui de l'aéroport international de Damas, faisant des dégâts. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les frappes ont visé deux sites militaires, où des armes sont stockées.

Israël responsable selon ses médias 

Le porte-parole de l'ONU Stephane Dujarric a indiqué pour sa part que la Force des Nations unies chargée d'observer le désengagement sur le Golan (Fnuod) avait observé dimanche «six avions volant à haute altitude» côté israélien.

«Deux d'entre eux ont ensuite volé en direction du nord-est au-dessus de la zone de séparation», entrant côté syrien, a-t-il déclaré, en rappelant que «tout franchissement de la zone de séparation constituait une violation du cessez-le-feu».

Selon les médias israéliens, la responsabilité d'Israël ne fait pas de doute et les raids ont frappé des convois ou des stocks d'armes dites «sophistiquées» (missiles antichars, sol-air) destinés au Hezbollah.

«Il y a sûrement une fenêtre qui s'est ouverte hier (dimanche) pour un très court laps de temps et la décision de frapper a été prise», a estimé le commentateur militaire de la radio de l'armée.

Certains journaux ont jugé que ces raids auraient des conséquences sur la campagne pour les élections anticipées du 17 mars, que M. Netanyahu veut emporter de nouveau.

«Nous donnons à un «adulte responsable» Bachar al-Assad le soin de décider quel sera l'ordre du jour des prochaines élections», ironise Alex Frishman, l'éditorialiste du journal Yediot Aharonot.

Alors que M. Netanyahu mise sur des accomplissements sécuritaires pour emporter le scrutin, ses opposants ont aussi dénoncé des raids à des fins politiques.

«J'espère qu'il ne s'agit pas du coup de canon inaugural de la campagne pour les primaires du Likoud ou pour les prochaines élections», a raillé le député Ilan Gilon, du parti de gauche Meretz.

«Ceux qui accusent Nétanyahou d'avoir ordonné un bombardement en Syrie par stratégie politique sont ridicules et malfaisants», a répondu M. Steinitz.

Risque de représailles faible

Depuis janvier 2013, le pouvoir syrien a accusé à huit reprises Israël d'avoir mené des raids en Syrie.

Mais Israël se cantonne la plupart du temps à une stratégie du «ni-ni», sans confirmer ni infirmer, tout en répétant sa détermination à lutter contre toute menace directe émanant de la Syrie ou du Liban voisins.

L'État hébreu redoute des transferts d'armes de la Syrie au Hezbollah chiite dont les hommes combattent au côté des forces du régime Assad.

La plupart des commentateurs militaires israéliens estiment que la probabilité de représailles syriennes ou du Hezbollah contre Israël est infime.

Si représailles il y a, elles seront probablement menées par le Hezbollah contre des soldats israéliens, estime l'analyste Daniel Nisman.

«Cela pourrait être une opération à l'étranger, une attaque contre des Israéliens (...) Mais il est plus probable que cela soit une attaque à l'explosif à la frontière contre une patrouille», a-t-il affirmé à l'AFP.