La jeune Irano-Britannique Ghoncheh Ghavami, arrêtée à Téhéran après avoir voulu assister à un match de volley-ball masculin, a été condamnée à un an de prison à l'issue d'un procès pour «propagande contre le régime» dénoncé comme «scandaleux» par Amnesty International.

Mme Ghavami a commencé une grève de la faim lundi, a annoncé la BBC.

«Le verdict ne m'a pas encore été signifié officiellement mais le juge me l'a montré et ma cliente a été condamnée à un an de prison», a indiqué l'avocat Mahmoud Alizadeh Tabatabaie dans des propos repris dimanche par des médias iraniens.

«Dans la mesure où elle n'a pas d'antécédents judiciaires, le tribunal peut lui accorder une remise de peine», a-t-il ajouté, sans expliquer les raisons de cette condamnation.

Londres s'est dit «préoccupé» par cette décision de justice. «Nous nous interrogeons sur le motif des poursuites, l'équité du procès et les conditions de détention de Mlle Ghavami», a indiqué dimanche à l'AFP un porte-parole du Foreign Office.

Le jeune femme de 25 ans avait été interpellée le 20 juin alors qu'elle participait à un rassemblement de femmes voulant assister à Téhéran à une rencontre de la Ligue mondiale de volley entre l'Italie et l'Iran, qui fait partie de l'élite de ce sport.

Relâchée au bout de quelques heures, elle avait de nouveau été arrêtée quelques jours plus tard lorsqu'elle était retournée au commissariat pour récupérer ses affaires.

Un responsable judiciaire avait précisé en septembre que cette nouvelle détention n'était pas liée au sport, sans donner d'autre détail.

Sa famille sous le choc 

Détenue depuis 126 jours à la prison d'Evine à Téhéran, la jeune femme a cessé de s'alimenter pendant deux semaines en octobre pour protester contre sa détention et l'absence de procès, selon la page Facebook où sa famille et ses amis ont lancé une campagne pour obtenir sa libération.

Un procès a ensuite eu lieu pour «propagande contre le régime», selon son avocat.

«Nous sommes vraiment choqués parce que nous espérions vraiment que la peine couvrirait le temps qu'elle a déjà passé en prison», a indiqué dimanche son frère, Iman Ghavami, dans un communiqué.

Selon lui, l'Irano-Britannique a également été condamnée à deux ans d'interdiction de quitter l'Iran.

«Il y a beaucoup d'anomalies dans cette affaire», a-t-il déploré, en soulignant que ses parents se trouvaient dans le pays pour rencontrer des responsables iraniens.

Amnesty International a qualifié de son côté le verdict d'«épouvantable». «Il est scandaleux que cette jeune femme soit emprisonnée tout simplement pour avoir pacifiquement affirmé que les Iraniennes étaient victimes de discrimination», a indiqué l'ONG.

«Impact sur l'image de l'Iran» 

La rencontre internationale de volley à laquelle Ghoncheh Ghavami voulait assister avait été interdite aux femmes, une décision alors contestée par le gouvernement du président modéré Hassan Rohani.

Le chef de la police nationale, le général Esmail Ahmadi Moghaddam, avait expliqué en juin que la police ne pouvait «permettre la présence de femmes dans les stades» car «la mixité dans les stades n'est pas encore dans l'intérêt général».

L'accès aux stades de football est aussi interdit aux Iraniennes, officiellement en raison du comportement obscène de certains supporteurs.

En septembre, le Premier ministre britannique David Cameron avait évoqué le cas de Ghoncheh Ghavami avec le président Rohani lors d'une rencontre en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York. Il avait souligné «l'impact que ce genre de cas peut avoir sur l'image de l'Iran au Royaume-Uni».

Interrogé à plusieurs reprises ces derniers mois sur les cas d'exécution et de détention en Iran, M. Rohani a toujours affirmé que l'autorité judiciaire était indépendante.

L'Iran a été de nouveau critiqué vendredi au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pour sa politique en la matière, notamment le nombre élevé d'exécutions.

Mohammad Javad Larijani, l'un des adjoints du chef de l'autorité judiciaire et président du Haut-conseil des droits de l'Homme iranien, a rejeté ces critiques, affirmant que son pays avait fait de grand progrès sur le plan des droits de l'Homme depuis un an.

Selon l'ONU, au moins 500 personnes ont été exécutées en Iran l'an dernier, en majorité pour des affaires de drogue, et plus de 350 l'ont été durant les six premiers mois de 2014.