Le gouvernement israélien a promis de répondre avec force à toute nouvelle attaque à Jérusalem, où la police s'est déployée jeudi en masse dans les quartiers arabes au lendemain de la mort d'un bébé israélien dans une attaque perpétrée par un Palestinien.

Cet attentat, le second mené par un Palestinien au volant d'un véhicule en moins de trois mois, a provoqué l'ire du premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui a prévenu que «toute tentative d'attaquer des habitants de Jérusalem sera sévèrement punie».

«Jérusalem unifiée était et restera la capitale d'Israël pour l'éternité», a ajouté M. NÉtanyahou dans un communiqué, promettant d'y «ramener le calme et la sécurité».

Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël depuis 1967 et où les Palestiniens veulent établir la capitale de l'État auquel ils aspirent, est secouée depuis des mois par des affrontements quasi quotidiens entre Palestiniens et policiers israéliens.

La mort de la petite fille de 3 mois, tuée mercredi soir lorsqu'un jeune Palestinien a lancé sa voiture contre un groupe à un arrêt de tramway, a encore échauffé les esprits, notamment du côté de la droite israélienne, et fait craindre un embrasement général.

Six autres personnes ont été blessées dans l'attaque.

Le ministre de l'Économie Naftali Bennett, leader du Foyer juif, parti nationaliste religieux, a déclaré que «Satan lui-même n'a pas conçu de vengeance suffisante pour celui qui répand le sang d'un bébé de trois mois», citant le poète israélien Nahman Bialik comme il est souvent de circonstance devant de tels actes.

Tolérance zéro

L'auteur des faits, Abdelrahman Shalodi, 21 ans, a été touché par les tirs d'un policier alors qu'il tentait de prendre la fuite à pied, selon la police. Il a succombé jeudi matin à ses blessures, a indiqué une porte-parole de l'hôpital Shaarei Tsedek.

Le gouvernement israélien a affirmé qu'Abdelrahman Shalodi était un membre du Hamas, mouvement islamiste qu'Israël considère comme terroriste. Si la famille a confirmé qu'il était le neveu d'un artificier du Hamas, son appartenance au Hamas n'a pu être confirmée d'autre source.

L'attaque a poussé M. Nétanyahou à appliquer sans plus attendre un plan de sécurité renforcé, et la police a prévenu qu'elle mènerait une politique de «tolérance zéro face à toute violence et (arrêterait) toute personne impliquée dans des troubles à l'ordre public».

Des renforts de gardes-frontières, d'unités antiémeutes et de patrouilles mobiles ont été déployés, a affirmé à l'AFP un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld, et des moyens technologiques supplémentaires, pour la collecte de renseignements par exemple, sont mobilisés.

Des heurts ont éclaté mercredi soir lorsque des policiers sont venus arrêter un jeune frère d'Abdelrahman Shalodi dans le quartier de Silwan, et se sont étendus à d'autres quartiers.

Jeudi matin, des individus ont lancé des pierres contre un jardin d'enfants de colons israéliens dans le quartier palestinien de Ras al-Amoud, a rapporté la police, faisant état de quelques arrestations dans la nuit.

L'armée israélienne, de son côté, a indiqué avoir arrêté 17 Palestiniens dans la nuit en Cisjordanie, dont certains membres du Hamas, sans préciser si ces arrestations avaient un lien avec l'attaque à Jérusalem.

Graines du désespoir

Les funérailles de la fillette de trois mois ont rassemblé mercredi soir des centaines de personnes, dont le président israélien Reuven Rivlin. Ce dernier a exprimé la crainte d'une flambée de violences.

«Les incitations croissantes à la haine dans les rues du monde arabe et les rues de Jérusalem, que des dirigeants du monde arabe soutiennent malheureusement, sont susceptibles de détruire l'équilibre fragile en place à Jérusalem et de nous emporter tous dans un maelström de destruction et de douleur», a-t-il dit.

Le département d'État américain a quant à lui confirmé que la fillette possédait la nationalité américaine. Le consulat américain «est en relation étroite avec les parents. Nous leur fournissons une assistance consulaire», a noté la porte-parole du département d'État, Jennifer Psaki.

Le premier ministre israélien a de son côté accusé le président palestinien Mahmoud Abbas d'avoir participé à échauffer les esprits par de récentes déclarations à propos de l'esplanade des Mosquées, ultra-sensible site vénéré à la fois par les juifs et les musulmans, et théâtre de heurts ces derniers mois.

En réponse, Saëb Erakat, un haut responsable de l'Autorité palestinienne, a retourné ces accusations contre M. Nétanyahou: «Le jour où il se regardera dans le miroir, il verra qui est responsable du malheur des Palestiniens et des Israéliens». «C'est lui qui sème les graines du désespoir».