Cinq hommes ont été pendus mercredi à Kaboul pour le viol collectif de quatre femmes, malgré les protestations des organisations des droits de l'homme qui avaient demandé au nouveau président Ashraf Ghani de surseoir aux exécutions.

L'affaire remonte au 23 août dernier. Un groupe de femmes rentrait en convoi à Kaboul après avoir célébré un mariage à l'extérieur de la capitale, lorsque des assaillants vêtus en policiers et munis de fusils les ont agressées.

Ces faux policiers ont attaché les hommes qui les accompagnaient et traîné les victimes hors de leur voiture, les ont volées, avant de les battre et de les violer, selon la justice qui a traité l'affaire dans un procès éclair de quelques heures à peine début septembre et retransmis en direct à la télévision.

Les sept accusés avaient été condamnés à mort. Mais après un passage devant la cour d'appel, puis la Cour suprême, cinq seulement ont finalement été condamnés à la peine de mort. Le verdict avait été validé par le président Hamid Karzaï qui est resté en fonction jusqu'au 29 septembre.

Les deux autres accusés ont été condamnés à 20 ans de prison essentiellement pour les faits de vol.

Cette affaire de viol avait provoqué un mouvement de colère et des manifestations pour réclamer la peine capitale, dans un pays où, après une décennie de gain, le droit des femmes demeure fragile.

Mais mercredi les cinq hommes, et un sixième prisonnier, un chef de gang condamné pour prise d'otage dans une autre affaire, ont été exécutés, a dit à l'AFP Rahmatullah Nazari adjoint au procureur général afghan.

Les exécutions ont eu lieu à la prison de Pul-e-Charkhi, à la périphérie de Kaboul, où ils étaient détenus. L'exécution a eu lieu devant les victimes.

Inquiétudes sur la procédure

Il s'agit de la première série d'exécutions en Afghanistan depuis 2013, lorsque deux hommes avaient été exécutés à Hérat dans une affaire d'enlèvement et de meurtre d'enfant.

Peu après les exécutions mercredi, l'ambassadeur de l'Union européenne en Afghanistan Franz-Michael Mellbin a écrit sur son compte Twitter: «Les exécutions d'aujourd'hui jettent une ombre profonde sur la volonté du nouveau gouvernement afghan de respecter les droits humains fondamentaux».

Amnistie internationale a qualifié les exécutions d'«affront à la justice». David Griffiths, le directeur adjoint de l'organisation pour l'Asie-Pacifique a affirmé que le nouveau président Ashraf Ghani, qui ne s'est pas opposé à l'application de la peine de mort a «échoué dans son premier test à maintenir les droits de l'homme et l'État de droit».

En revanche, le ministère afghan de la Condition féminine a salué ces exécutions dans un communiqué en les qualifiant de «pas vers la justice sociale, défendant les droits des femmes». Il s'agit d'une «leçon pour ceux qui envisagent de commettre de tels crimes», poursuit le communiqué.

Dans les jours qui ont suivi l'annonce de la condamnation et sa confirmation, plusieurs organisations internationales de défense des droits de l'homme avaient exhorté le pouvoir à s'opposer aux exécutions.

M. Ghani, en poste depuis la semaine dernière, n'avait pas commenté les exécutions dans l'immédiat mercredi après-midi.

Dans un communiqué mardi, le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'homme avait «appelé le président Ghani à remettre l'affaire entre les mains de la justice étant donné les graves inquiétudes au sujet de la régularité de la procédure».

Amnistie a affirmé pour sa part que le procès a été expédié, donnant aux avocats peu de temps pour préparer la défense. Neuf jours seulement se sont écoulés entre les arrestations et le prononcé de la peine capitale par le tribunal de première instance.

Le procès a été «marqué par des incohérences, des allégations de torture non élucidées et des ingérences politiques», selon Amnistie.

Les talibans, au pouvoir de septembre 1996 à l'automne 2001, étaient coutumiers des exécutions qu'ils pratiquaient souvent en public. En 2011, les autorités afghanes avaient repris les exécutions, au grand dam de plusieurs organisations de défense des droits de l'homme.

PHOTO WAKIL KOHSAR, AFP

Les sept accusés avaient été condamnés à mort.