Le gouvernement palestinien de consensus national se réunira jeudi, pour la première fois dans la bande de Gaza, a annoncé lundi à l'AFP son porte-parole.

«Le cabinet tiendra jeudi sa première réunion à Gaza», théâtre d'un conflit meurtrier avec Israël du 8 juillet au 26 août, a déclaré Ihab Bseiso.

L'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et le Hamas ont signé le 23 avril un accord de réconciliation pour mettre fin à la division politique depuis 2007 entre la Cisjordanie, dont l'Autorité palestinienne administre les zones autonomes, et la bande de Gaza dirigée par le mouvement islamiste.

L'accord a donné naissance le 2 juin à un gouvernement de consensus national composé de personnalités indépendantes.

La tenue à Gaza pour la première fois d'un conseil des ministres a pour but d'envoyer un message avant la conférence internationale des donateurs, prévue le 12 octobre au Caire, sur la reconstruction de l'enclave palestinienne.

«C'est un message visant à montrer au monde entier que nous avons un gouvernement qui doit prendre la responsabilité de la reconstruction de Gaza», a souligné Ihab Bseiso.

Lors de la conférence du Caire, organisée sous l'égide de l'Égypte et la Norvège, le gouvernement palestinien doit demander une aide de 4 milliards de dollars.

Bien que le nouveau cabinet ait pris ses fonctions début juin, l'Autorité palestinienne avait ensuite accusé le Hamas de l'empêcher de travailler à Gaza, le président Mahmoud Abbas affirmant notamment début septembre que le mouvement islamiste maintenait un «gouvernement parallèle» dans l'enclave.

Le 25 septembre, le Fatah de M. Abbas, et le Hamas ont finalement annoncé un accord pour permettre à leur fragile gouvernement d'union d'exercer son autorité dans l'enclave.

De nombreuses capitales conditionnent leur aide à Gaza à l'exercice de l'autorité du gouvernement d'union dans le territoire, le Hamas étant considéré comme un groupe «terroriste» par les États-Unis et l'Union européenne.

L'Autorité palestinienne condamnée

Un tribunal de Jérusalem a ordonné à l'Autorité palestinienne de verser une compensation financière à une famille israélienne après l'avoir reconnue indirectement responsable d'une attaque ayant tué trois de ses membres.

La cour a estimé, dans une décision du 22 septembre rendue publique dimanche, que l'Autorité palestinienne avait transféré des armes et de l'argent utilisés par les responsables d'un attentat ayant tué trois Israéliens en 2001.

L'Autorité palestinienne était au courant du danger potentiel des armes, mais n'en avait pas mis en garde les usagers, et elle est donc comptable «des dommages à ceux qui ont été blessés», selon la décision.

La cour a ajouté que l'ancien chef du Fatah Marwan Bargouti, en prison pour son rôle dans des attaques contre des Israéliens, «était au courant des attaques».

Selon un porte-parole de la cour, le procès, qui a commencé en 2009, est toujours en cours et le juge doit encore décider du montant des dommages et intérêts.

D'autres cours israéliennes ont déjà condamné l'Autorité palestinienne à dédommager des Israéliens, mais cette dernière a tendance à sceller des accords avec les plaignants, selon le quotidien israélien Haaretz.

L'Autorité palestinienne n'avait pas réagi lundi à cette décision.

Israël proteste auprès de la Suède

Le ministère israélien des Affaires étrangères a convoqué lundi l'ambassadeur de Suède pour protester formellement contre la décision annoncée par Stockholm de reconnaître l'État de Palestine, a-t-il indiqué dans un communiqué.

Le directeur général adjoint pour l'Europe au ministère, Aviv Shir-on, a exprimé auprès de l'ambassadeur Carl Magnus Nesser les protestations et la «déception» israéliennes devant la décision annoncée vendredi par le nouveau premier ministre suédois Stefan Löfven.

Cette annonce «ne contribue pas à l'amélioration des relations entre Israël et les Palestiniens, mais au contraire à leur détérioration», a dit Aviv Shir-on à son hôte, selon le ministère. Elle «réduit les chances de parvenir à un accord en suscitant chez les Palestiniens l'attente irréaliste qu'ils peuvent atteindre leur objectif de manière unilatérale, et non pas à travers des négociations avec Israël», a-t-il ajouté.

Israël trouve «étrange» que le premier ministre suédois se soit concentré sur la question palestinienne dans son discours de politique générale alors que la région est confrontée à des guerres et des «atrocités quotidiennes», a-t-il encore déclaré.

Sollicitée par l'AFP, l'ambassade de Suède ne s'est pas exprimée sur la rencontre.

Stefan Löfven a affirmé vendredi qu'«une solution à deux États (israélien et palestinien coexistant côte à côte) suppose une reconnaissance mutuelle et la volonté d'une coexistence pacifique. C'est pourquoi la Suède va reconnaître l'État de Palestine».

Selon l'Autorité palestinienne, 134 pays ont déjà reconnu l'État de Palestine.

La décision de la Suède, saluée par les dirigeants palestiniens, survient à un moment où les efforts menés depuis des décennies pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien sont dans une profonde impasse.