L'Iran et six grandes puissances ont repris vendredi matin à New York leurs négociations sur le programme nucléaire controversé de Téhéran, sans grand espoir de conclure rapidement.

Ce nouveau round s'est ouvert formellement vendredi matin au siège de l'ONU, après deux jours de contacts bilatéraux américano-iraniens et une réunion de coordination entre Américains et Européens au sein du groupe dit 5+1 (États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne)

Les deux délégations étaient conduites par le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et la chef sortante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton. Cette plénière, la première depuis juillet, a duré moins de 40 minutes, mais des réunions entre experts étaient prévues dans la journée.

Pour le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, ces négociations sont désormais entrées dans une «phase cruciale».

«Ce n'est plus le moment pour l'Iran de gagner du temps», a-t-il déclaré à des journalistes. «Nous sommes prêts à proposer à l'Iran un accord équitable, mais pour cela il faut que la position de l'Iran évolue sur plusieurs points essentiels».

Selon un haut responsable américain, ces pourparlers «très difficiles» doivent se poursuivre jusqu'à la fin de la semaine prochaine sous divers formats, y compris au niveau ministériel pour profiter de la présence à New York des dirigeants réunis pour l'Assemblée générale des Nations Unies.

«Beaucoup d'entre nous n'étaient pas très optimistes en arrivant à New York, mais il est clair que tout le monde est venu avec l'intention de travailler», a souligné ce responsable sous couvert d'anonymat.

Téhéran et le groupe 5+1 se sont donnés jusqu'au 24 novembre pour trouver un accord qui rendrait quasiment impossible à l'Iran de se doter de l'arme atomique, en échange d'une levée des sanctions internationales qui pèsent sur le pays.

Les Occidentaux et Israël soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme civil, ce que Téhéran dément.

Avant de lever les sanctions, souligne le même responsable américain, Washington exige toujours de Téhéran qu'il «prenne des mesures convaincantes et vérifiables prouvant que son programme nucléaire est exclusivement pacifique».

Peu de progrès sur l'enrichissement

Les dernières déclarations de responsables américain et iranien ont douché les espoirs d'une percée. Pour le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, Washington est «obsédé» par le maintien des sanctions et le Congrès américain s'opposera pour cette raison à tout accord avec Téhéran. «Les Iraniens se méfient complètement des États-Unis», a-t-il ajouté.

Wendy Sherman, la principale négociatrice américaine, a affirmé que la capacité actuelle de l'Iran à enrichir l'uranium --principal point d'achoppement des négociations-- n'était pas acceptable.

Enrichi à un faible niveau, l'uranium alimente les centrales nucléaires, mais à un niveau élevé, il peut servir à fabriquer une bombe.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman a appelé mercredi les grandes puissances à «rester fermes dans leurs négociations avec l'Iran et (à) maintenir les sanctions».

Les négociateurs semblent encore assez loin du compte sur les deux principaux désaccords: l'ampleur du programme iranien d'enrichissement d'uranium et un calendrier pour la levée des sanctions.

Au point qu'à l'issue des dernières discussions en date, la semaine dernière à Vienne, l'un des principaux négociateurs iraniens, Abbas Araqchi, avait jugé un accord à New York «improbable».

Un diplomate européen estime que les négociations devraient aller jusqu'à la limite du 24 novembre. Il n'exclut même pas de devoir repousser cette échéance, soulignant le manque de progrès sur l'enrichissement.

Le président iranien Hassan Rohani doit prononcer un discours le 25 septembre à la tribune de l'Assemblée générale. En septembre 2013 devant cette même assemblée, et pour sa première grande sortie internationale, il avait souligné la volonté de l'Iran de régler la question nucléaire.

Il avait aussi parlé au téléphone avec Barack Obama, une première depuis la révolution islamique de 1979. Cette année, aucun aparté n'est prévu entre les deux présidents, selon la Maison-Blanche et le gouvernement iranien.