L'armée israélienne a adapté son dispositif de défense face au risque d'une large incursion terrestre du Hezbollah, même si le danger d'une nouvelle guerre avec le mouvement chiite libanais ne paraît pas imminent, indique un responsable militaire cité dans la presse lundi.

Une nouvelle guerre, après celle livrée à l'été 2006, verrait le Hezbollah déclencher un barrage intense de roquettes sur Israël. Fort de l'expérience acquise pendant la guerre civile en Syrie, le Hezbollah enverrait simultanément des dizaines, voire des centaines de combattants en Israël s'emparer d'un morceau de Galilée, le nord d'Israël, a dit ce responsable.

Les forces israéliennes reprendraient vite le terrain perdu, mais le Hezbollah pourrait symboliquement proclamer un succès important, a-t-il encore dit sous le couvert de l'anonymat. Israël aurait aussi la possibilité de procéder à une offensive terrestre préventive pour empêcher une incursion, a-t-il dit, estimant le conflit à quatre mois.

L'implication du Hezbollah en Syrie où il combat aux côtés de l'armée lui a permis de renforcer ses capacités d'action, Israël en retour a procédé à des «changements considérables» dans ses dispositifs de défense à la frontière, a-t-il dit.

Une telle guerre serait sanglante et causerait des dégâts énormes au Liban, a-t-il mis en garde, alors que la guerre de 2006 avait fait plus de 1200 morts côté libanais, en majorité des civils, et 160 côté israélien, quasiment tous des soldats.

Pour illustrer la présence accrue du Hezbollah dans le sud du Liban, l'armée israélienne a publié lundi des photos qui montrent selon elle des hommes du Hezbollah en armes de l'autre côté de la frontière.

«Ils se sont considérablement renforcés dans plus de 200 villages dans le sud du Liban, avec toutes sortes d'armes, toutes sortes de missiles de différentes portées», a dit à l'AFP un porte-parole de l'armée, Arye Shalicar, «ils ont transformé des villages en positions militaires».

«C'est une question de temps avant qu'ait lieu un conflit, sous une forme ou sous une autre», a-t-il dit.

«Tout leur argent converge de différentes directions vers une capacité d'attaque qui comprend, entre autres, environ 100 000 roquettes de divers types, la plupart d'origine iranienne et syrienne», a-t-il dit.

Pour l'heure, une nouvelle guerre avec le Hezbollah est peu probable, le mouvement chiite ayant déjà fort à faire contre les djihadistes sunnites au Liban ou en Syrie, a dit le responsable. Il n'a pas exclu pour autant un enchaînement d'incidents produisant une escalade militaire.

Celui-ci s'exprimait au cours d'un breffage destiné à certains correspondants militaires israéliens, au moment où le premier ministre Beyamin Nétanyahou mène une campagne pour convaincre, face aux critiques suscitées par la récente guerre de Gaza, que l'État islamique en Syrie et en Irak, le Hamas à Gaza ou le Hezbollah au Liban sont tous les «branches du même arbre vénéneux».

Le gouvernement se divise aussi profondément, à l'heure des préparations budgétaires pour 2015, sur la nécessité d'augmenter les dépenses militaires.

Le renseignement collecté au cours des derniers mois n'indique pas que le Hezbollah a creusé des tunnels d'attaque comme l'a fait le Hamas à Gaza, mais cela n'est pas exclu, a dit le responsable.