Les négociateurs du gouvernement et de la rébellion chiite au Yémen se sont séparés vendredi sans résultat et doivent se retrouver prochainement sous les auspices de l'ONU pour régler une crise qui paralyse Sanaa depuis trois semaines, selon un diplomate de l'ONU.

La conclusion d'un accord, donné jeudi comme imminent, «n'a pas été possible, les négociateurs n'ayant pas tranché leurs points de désaccord», a déclaré à l'AFP le diplomate.

«Il a été convenu d'un nouveau round de négociations dans les deux prochains jours sous la supervision directe de l'émissaire de l'ONU au Yémen, Jamal Benomar», présent à Sanaa depuis jeudi, a-t-il ajouté.

Les négociateurs du pouvoir sont conduits par Abdelkarim al-Ariani, conseiller du président Abd Rabbo Mansour Hadi, et ceux de la rébellion par Mehdi Machchat du bureau du chef des rebelles d'Ansaruallah, Abdel Malek al-Houthi, selon la même source.

Selon une source proche des négociateurs, «les négociations se sont poursuivies tard dans la nuit de jeudi à vendredi et des progrès ont été réalisés».

Les négociations portent sur la nomination, sous 48 heures, d'un nouveau Premier ministre et une nouvelle baisse des prix du carburant, deux des principales demandes des rebelles qui réclament aussi, selon la même source, «un calendrier» pour la mise en oeuvre des résultats du dialogue national, qui s'est achevé en janvier.

«Nombreux points de divergence»

Le pouvoir réclame en retour le démantèlement des campements rebelles installés depuis le 18 août dans et autour de la capitale. Des militants armés occupent les principaux axes routiers reliant Sanaa au reste des régions du pays.

«Le pouvoir veut le démantèlement des campements dès la nomination d'un premier ministre. Mais pour nous, cela se fera après la formation d'un nouveau gouvernement», a déclaré à l'AFP un responsable de la rébellion qui a requis l'anonymat.

Autre pomme de discorde, «Ansaruallah exige des excuses du gouvernement pour la mort de huit de ses partisans», tués mardi par la police lors d'une tentative d'assaut contre le siège du gouvernement, selon la source proche des négociateurs.

Ansaruallah, qui accuse le gouvernement de corruption, est soupçonné de vouloir élargir sa zone d'influence dans le futur État fédéral qui doit compter six provinces.

«Ansaruallah réclame une révision du découpage administratif du futur État fédéral pour que leur province ait une ouverture sur la mer Rouge», selon la même source.

«Des divergences persistent, mais les négociations en vue d'un règlement se poursuivent dans un climat positif», a indiqué le responsable rebelle.

Mais le diplomate de l'ONU a affirmé que les points de divergence étaient «nombreux»: outre la question du démantèlement des campements des rebelles, «les négociateurs ne se sont pas entendus sur la nomination d'un premier ministre, ni sur la répartition des postes dans un nouveau gouvernement».

Baisse de la tension

Selon lui, «ils n'ont pas non plus trouvé de terrain d'entente sur une cessation des hostilités dans la province d'Al-Jawf», au nord-est de Sanaa, «ni sur la remise à l'État de l'ensemble de la province voisine d'Amrane», dont les rebelles avaient pris le contrôle début juillet avant de s'en retirer partiellement.

Pourtant, l'amorce des négociations s'est accompagnée d'une baisse de la tension sur le terrain: des rassemblements auxquels ont appelé pouvoir et rébellion, à l'occasion de la prière hebdomadaire du vendredi, se sont déroulés dans le calme, selon des témoins.

Des dizaines de milliers de partisans d'Ansaruallah, rassemblés dans le nord de Sanaa, près de l'aéroport international, ont scandé notamment leur slogan traditionnel «Mort à l'Amérique, mort à Israël».

Dans le centre de la capitale, les partisans du régime, rassemblés massivement sur l'avenue Sittine, près de la résidence du président Hadi, ont appelé au retrait des milices armées de Sanaa, avant de se disperser sans incident.