Le président palestinien Mahmoud Abbas a exigé mardi qu'Israël mette fin «immédiatement» à la vaste opération aérienne lancée durant la nuit de lundi à mardi contre la bande de Gaza.

Douze Palestiniens, dont deux enfants, ont été tués et plus de 80 blessés mardi dans des raids israéliens sur la bande de Gaza, menés en riposte à des salves de tirs de roquettes, selon les services d'urgences palestiniens.

Ce cycle de violences est le pire touchant la bande de Gaza depuis novembre 2012.

La frappe la plus meurtrière a touché en début d'après-midi une maison à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, faisant sept morts, dont deux enfants, et 25 blessés.

«Le raid israélien a visé la maison de la famille Al-Kaware», a expliqué à l'AFP le porte-parole des services d'urgences Ashraf al-Qodra.

Des témoins ont indiqué qu'un drone avait lancé une fusée éclairante en signe d'avertissement, et que des proches et voisins s'étaient alors rassemblés dans la maison pour tenter de dissuader l'aviation de la viser. Mais peu après, un avion F-16 a tiré un missile qui a démoli le bâtiment.

Le Hamas a dénoncé un «crime de guerre horrible» et assuré que «tous les Israéliens» étaient désormais «des cibles légitimes», selon un communiqué de son porte-parole Sami Abou Zouhri.

Quelques heures plus tôt, dans la ville de Gaza, quatre personnes ont «été tuées dans un raid aérien sioniste qui a visé une voiture civile dans un quartier du centre», selon M. Al-Qodra.

La télévision al-Aqsa TV du Hamas a montré des restes de corps transportés sur des civières dans une ambulance.

Des membres de la famille des victimes ont indiqué qu'ils étaient tous militants du Hamas, identifiant l'un d'eux comme Mohammed Shaaban, 32 ans, un haut commandant des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas. Il était aussi selon eux le responsable des opérations navales du groupe.

L'armée israélienne a confirmé avoir visé Shaaban, le décrivant comme un «agent important du Hamas».

Enfin, un autre Palestinien a péri dans une frappe aérienne dans la matinée à l'ouest du camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza.

L'armée de l'air israélienne a répliqué à d'intenses salves de roquettes tirées de la bande de Gaza en lançant durant la nuit de lundi à mardi des dizaines de raids aériens contre ce territoire, selon des sources concordantes.

Un porte-parole de l'armée israélienne a confirmé qu'une opération aérienne surnommée «haie de protection» (protected edge) a été lancée.

«Environ 50 cibles ont été visées, dont quatre maisons appartenant à des activistes, des sites de lancement de roquettes, des infrastructures», a précisé le porte-parole. «L'objectif de l'opération est de frapper le Hamas et de réduire le nombre de roquettes tirées vers Israël», a-t-il ajouté.

Il a également confirmé que de renforts ont été déployés près de la bande de Gaza «afin d'être prêt à lancer une attaque terrestre en cas de besoin». «D'autres renforts vont être graduellement mobilisés dans les prochains jours. Les attaques aériennes que nous avons menées ne constituent qu'une étape. L'opération n'a pas de limite de temps», a-t-il poursuivi.

Selon lui, le Hamas dispose de quelque 100 000 roquettes dont certaines peuvent atteindre Tel-Aviv.

Les écoles, les camps de vacances situés dans un rayon de 40 km autour de la bande de Gaza ont été fermés mardi. Les habitants ont été appelés à éviter tout rassemblement, a poursuivi le porte-parole.

Des responsables des services de sécurité palestiniens ont pour leur part estimé à plus de 70 le nombre de raids aériens israéliens.

Selon eux, cinq maisons ont été détruites lors de ces attaques: trois à Khan Younès dans le sud de la bande de Gaza et deux autres dans le nord de cette région.

La branche militaire du Hamas au pouvoir à Gaza, les brigades Ezzedine al-Qassam a lancé des menaces à la suite de ces raids.

Israël «a franchi une ligne rouge en attaquant des maisons. Si cette politique ne cesse pas, nous répliquerons en élargissant le cercle de nos cibles au point de surprendre l'ennemi», ont prévenu les brigades dans un communiqué.

L'ex-chef du gouvernement du Hamas Ismaïl Haniyeh a dans un communiqué appelé «à l'unité palestinienne sur le front politique et sur le terrain ainsi qu'à une intense coordination et coopération entre tous les membres de notre peuple pour faire face à cette étape critique».

Lundi soir, le Hamas avait tiré des dizaines de roquettes contre Israël.

Selon l'armée israélienne, plus de 40 roquettes ont été lancées de Gaza en une heure seulement, dont 12 ont été détruites en vol par le système de défense antimissile Dôme de fer au-dessus des villes d'Ashdod et Netivot, dans le sud du pays.

Possible offensive terrestre

Israël a autorisé le rappel de 40 000 réservistes en prévision d'une possible offensive terrestre contre la bande de Gaza, ont rapporté mardi des médias israéliens.

Cette décision a été prise par le cabinet de sécurité dirigé par Benyamin Nétanyahou quelques heures après que l'armée a lancé une vaste attaque aérienne contre le Hamas palestinien à Gaza pour faire cesser les tirs de roquettes visant le territoire israélien.

Un haut responsable israélien a indiqué mardi à l'AFP que l'armée était prête à toutes les options, y compris une offensive terrestre pour stopper ces tirs.

«L'armée prépare une série d'options, y compris une invasion ou une offensive terrestre», contre l'enclave palestinienne contrôlée sur le plan sécuritaire par le mouvement islamiste Hamas, a-t-il ajouté sous le couvert de l'anonymat.

Un autre responsable a déclaré que l'armée avait reçu des instructions «pour préparer les différentes alternatives militaires pour être prête le cas échéant».

«Les attaques aériennes que nous avons menées ne constituent qu'une étape», a prévenu un porte-parole de l'armée, Peter Lerner.

L'armée israélienne a lancé depuis 2006 plusieurs offensives dans la bande de Gaza. La dernière a duré du 14 au 21 novembre 2012 et fait 177 morts Palestiniens, en majorité des civils.

D'après la télévision publique, le cabinet de sécurité, convoqué lundi par le premier ministre Benyamin Nétanyahou, avait donné son feu vert à l'armée pour «durcir les représailles contre le Hamas».

La confrontation entre le Hamas et Israël s'est intensifiée après la mort de huit combattants palestiniens dans la nuit de dimanche à lundi. Un neuvième est dans un état critique.

La télévision a montré des images de dizaines de chars déployés près de la frontière avec Gaza, prêts à intervenir en cas d'offensive contre l'enclave palestinienne.

Plusieurs centaines de réservistes ont déjà été mobilisés et l'armée «a la capacité d'en rappeler environ 1500 autres», avait auparavant déclaré un porte-parole de l'armée. En outre, deux brigades de combat sont prêtes en cas de nécessité, a-t-il ajouté.

Au total, 80 projectiles de Gaza ont touché le sud d'Israël ces dernières 24 heures, selon l'armée. Un soldat a été légèrement blessé et deux maisons endommagées.

Confronté à cette situation, le premier ministre israélien ne semblait plus avoir d'autre choix que la force.

Dimanche, il avait appelé son gouvernement à la retenue. «L'expérience a prouvé que dans des moments comme aujourd'hui, nous devons garder la tête froide», avait-il lancé à l'adresse de ses ministres les plus belliqueux.

Mais cette ligne prudente a poussé le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman partisan d'une vaste opération terrestre à Gaza à annoncer lundi qu'il rompait son alliance politique avec le parti Likoud de M. Nétanyahou. M. Lieberman, un faucon ultranationaliste, n'en quitte pas pour autant le gouvernement.

Dans ce contexte de crise, trois jeunes Israéliens ont avoué le meurtre de l'adolescent palestinien brûlé vif à Jérusalem, qui a causé une émotion considérable et déclenché des violences qui se sont étendues aux localités arabes d'Israël.

«Trois des six suspects en détention ont avoué le meurtre de Mohammad Abou Khdeir, en le brûlant vif», a indiqué à l'AFP une source proche du dossier ayant requis l'anonymat.

Six jeunes juifs extrémistes de droite ont été appréhendés dimanche dans le cadre de cette affaire. Ils sont soupçonnés notamment d'appartenir à une «organisation terroriste», d'enlèvement, d'homicide sur mineur, de possession illégale d'armes et de crime «pour motif nationaliste».

Mohammad Abou Khdeir, 16 ans, avait été kidnappé le 2 juillet à Jérusalem-Est occupée et annexée.

-Avec Adel ZAANOUN

PHOTO JACK GUEZ, AFP

Un hélicoptère Apache de l'armée israélienne tire un missile en direction de la bande de Gaza, le 8 juillet.