Le président afghan Hamid Karzaï s'est félicité mardi du retour à un «processus électoral normal» après la reprise des contacts entre le candidat à la présidentielle Abdullah Abdullah, qui dénonce des fraudes, et la commission électorale sous l'égide de l'ONU.

M. Karzaï a salué dans un communiqué l'acte «responsable» du haut responsable de la commission électorale (IEC) Zia-Ul-Haq Amarkhail, mis en cause par le camp Abdullah et qui a démissionné lundi, ouvrant la voie à un déblocage de ce processus électoral controversé.

Après cette annonce, M. Abdullah a indiqué la fin du boycottage de l'IEC par son équipe et qu'il était prêt à discuter avec la commission.

«Par cet acte, M. Amarkhail a ouvert la porte à la tenue d'un processus électoral normal», s'est félicité M. Karzaï.

La reprise des contacts entre M. Abdullah et l'IEC a été facilitée par la mission des Nations unies en Afghanistan (Unama), a par ailleurs annoncé cette dernière dans un communiqué.

«L'IEC et le candidat à la présidence le Dr Abdullah Abdullah se sont rencontrés hier soir, dans un entretien facilité par l'Unama» qui a permis des «échanges de vues» entre les deux parties, précise le communiqué onusien.

«La mission des Nations unies a encouragé les candidats à la présidence à s'engager entièrement dans le processus électoral et à coopérer entre eux et avec les institutions électorales», ajoute l'Unama.

Si l'impasse politique dans laquelle se trouvait l'élection afghane après que M. Abdullah eut claqué la porte de l'IEC la semaine dernière semblait en voie d'être résolue mardi, les discussions entre l'équipe de M. Abdullah, celle de son adversaire Ashraf Ghani et la commission promettent encore d'être longues.

Des pourparlers sur les votes, qui doivent ou non être comptabilisés en raison de fraudes, devraient se tenir dans les prochains jours.

Selon le calendrier établi par les autorités électorales, des résultats préliminaires sont attendus le 2 juillet et la proclamation du nom du nouveau président le 22.

Abdullah Abdullah était arrivé largement en tête du premier tour de la présidentielle le 5 avril avec 45% des voix contre 31,6% à Ashraf Ghani, et était à ce titre le grand favori du second tour le 14 juin.

Mais selon des sources proches des deux campagnes, les premiers décomptes ont montré que M. Ghani était passé devant son rival à l'issue du second tour.

Dès le lendemain de ce scrutin, M. Abdullah avait dénoncé des irrégularités, accusant l'IEC, la commission des plaintes (ECC) et même le président Hamid Karzaï de vouloir lui voler son élection au profit d'Ahsraf Ghani.

Dimanche, l'équipe de M. Abdullah avait enfoncé le clou en présentant des enregistrements audio prouvant, selon elle, l'implication de M. Amarkhail dans les fraudes. On y entend notamment une voix attribuée à M. Amarkhail, assurer que des personnes sont «employées» pour favoriser l'élection de M. Ghani.

Mardi après-midi, l'équipe de campagne de M. Ghani a critiqué sur le compte Twitter du candidat les «accusations sans fondement» de M. Abdullah contre l'IEC. «Le Dr Abdullah et son équipe devraient trouver le courage moral d'admettre qu'il y a un perdant et un gagnant», a-t-elle ajouté.