L'armée israélienne a arrêté 37 Palestiniens lundi avant l'aube portant à plus de 360 le nombre de Palestiniens appréhendés en Cisjordanie occupée depuis l'enlèvement de trois étudiants d'écoles religieuses juives il y a onze jours.

Depuis ce rapt «près de 361 suspects ont été arrêtés, dont 250 membres du Hamas», a précisé l'armée, en allusion au mouvement islamiste accusé par Israël d'avoir enlevé les Israéliens âgés de 16 à 19 ans, disparus le 12 juin alors qu'ils faisaient de l'auto-stop dans le bloc de colonies du Goush Etzion.

Le Hamas a nié son implication dans le rapt, mais l'a salué.

Selon l'armée, parmi les Palestiniens arrêtés, 57 avaient été relâchés pendant l'échange de centaines prisonniers en 2011 contre le soldat israélien Gilad Shalit captif du Hamas à Gaza pendant cinq ans.

Samer Issaoui, un prisonnier palestinien qui avait été relâché en 2013 après une très longue grève de la faim, a été aussi interpellé par les soldats, selon les médias locaux. Arrêté en 2000, il avait été libéré en 2011, en échange de la libération du soldat Shalit, avant d'être de nouveau appréhendé en 2012.

Depuis le lancement de l'opération israélienne «Gardien de nos frères», quatre civils palestiniens, dont un mineur et un handicapé mental, ont été tués par l'armée et un cinquième, un homme de 20 ans, se trouve dans un état de mort clinique selon sa famille.

«Le bilan en hausse des morts à la suite des opérations de sécurité israéliennes en Cisjordanie est alarmant», a souligné le secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l'ONU, Jeffrey Feltman devant le Conseil de sécurité.

Mais il a prévenu que si l'implication du Hamas dans l'enlèvement était prouvée, cela constituerait «un grave développement».

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague s'est également dit «très inquiet» de ce bilan et a appelé à un «recours proportionné à la force» lors des opérations israéliennes.

«Non à la coopération sécuritaire»

Selon les commentateurs, Israël devrait bientôt diminuer l'ampleur de son offensive, à l'approche du mois de jeûne musulman du ramadan qui commence en fin de semaine.

Il s'agit du plus important déploiement de l'armée en Cisjordanie depuis la fin de la deuxième Intifada en 2005, et vise aussi à démanteler les infrastructures du Hamas.

«L'armée va sûrement préférer réduire l'ampleur de son déploiement et recentrer son activité sur la collecte de renseignement», estime le spécialiste militaire du quotidien Haaretz.

En fin d'après-midi, des dizaines de Palestiniens ont manifesté à Ramallah pour dénoncer la coordination sécuritaire entre l'Autorité palestinienne et Israël, défendue et assumée par le président Mahmoud Abbas, ainsi que par des responsables politiques et militaires israéliens.

«Non à la coopération de sécurité!», ont scandé les manifestants en appelant à une nouvelle «Intifada».

L'ancien chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, a affirmé que «la Cisjordanie connaissait une Intifada en tant que telle» et que «personne ne peut l'arrêter».

L'armée a par ailleurs perquisitionné les locaux du magazine culturel mensuel palestinien «This Week in Palestine» à Ramallah, confisquant du matériel informatique, le dernier média en date visé par l'opération israélienne, selon la publication. Un porte-parole de l'administration militaire a argué que «la société d'impression imprimait de la propagande et du matériel d'incitation (à la haine)».

Dans une affaire séparée, l'armée a annoncé avoir appréhendé en mai deux Palestiniens habitant près de Hébron, soupçonnés d'«implication dans le meurtre» d'un policier israélien le 14 avril. Ziad Awad, 42 ans, est un membre du Hamas qui avait fait partie de l'échange contre le soldat Shalit, a été inculpé lundi par un tribunal militaire israélien, de même que son fils Ezzedine, 18 ans.