Israël a déclaré lundi compter sur l'aide de l'Autorité palestinienne pour retrouver trois Israéliens enlevés jeudi en Cisjordanie occupée, mais intensifié sans attendre sa répression contre l'appareil politique du Hamas.

«J'espère pouvoir compter sur votre aide», a affirmé le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou au président palestinien Mahmoud Abbas lors d'une conversation téléphonique, le premier contact politique direct entre les deux dirigeants depuis 2012.

«Les ravisseurs viennent d'une zone contrôlée par l'Autorité palestinienne et y sont retournés» après l'enlèvement le 12 juin, a assuré M. Nétanyahou.

De son côté, M. Abbas a dénoncé le rapt survenu dans le sud de la Cisjordanie occupée ainsi que les «violations israéliennes qui ont suivi», tandis que le gouvernement palestinien a rappelé qu'il «n'était pas responsable des zones en dehors du contrôle sécuritaire palestinien».

Les trois adolescents, un de 19 ans et deux de 16 ans, dont l'un habitant l'implantation de Talmon, ont été enlevés, selon les médias israéliens, près du Goush Etzion, un bloc de colonies situé entre les villes palestiniennes de Bethléem et Hébron, en zone entièrement sous contrôle israélien.

Pour tenter de les retrouver, l'armée israélienne a lancé son plus important déploiement en Cisjordanie depuis la fin de la deuxième Intifada en 2005, mais M. Nétanyahou a reconnu qu'il fallait s'attendre à ce que ces recherches «prennent du temps»

Le ministre de la Défense Moshé Yaalon a averti que le Hamas «paierait le prix fort».

L'Egypte, frontalière d'Israël et de la bande de Gaza contrôlée par les forces de sécurité du mouvement islamiste, a appelé Israël au «maximum de retenue».

Une quarantaine de membres du Hamas, dont le président du Parlement Aziz Dweik et cinq autres députés du Hamas originaires de Hébron, ont été arrêtés dans la nuit de dimanche à lundi.

Nouman Salhab, fils du député Azzam Salhab, également arrêté dans la nuit, a rapporté à l'AFP qu'une «cinquantaine de soldats sont entrés armés, enfonçant la porte à coups de pied et lançant des grenades lacrymogènes».

Démanteler l'appareil du Hamas 

Ce nouveau coup de filet porte à 150 le nombre de Palestiniens interpellés depuis le 12 juin, selon l'armée israélienne.

Un Palestinien de 19 ans a également été tué par balle tôt lundi lors d'affrontements avec des soldats israéliens dans le camp de réfugiés de Jalazoune, près de Ramallah.

Yishaï Frenkel, l'oncle de l'un des trois jeunes Israéliens enlevés, également de nationalité américaine, en a appelé à la «compassion» des ravisseurs.

L'organisation américaine Human Rights Watch a exhorté «tout groupe armé palestinien détenant illégalement les trois adolescents israéliens à les relâcher immédiatement et inconditionnellement», tout en pressant les forces israéliennes de ne «pas se livrer à des arrestations arbitraires de masse».

Une centaine de militants israéliens d'extrême droite ont manifesté aux cris de «vengeance» et «mort aux Arabes» et brûlé un drapeau palestinien à l'endroit où les trois jeunes ont été vus pour la dernière fois.

Dimanche soir, des soldats israéliens ont encerclé une maison palestinienne de Hébron et tiré une roquette antichar contre la porte, selon des témoins. Deux personnes ont été blessées, dont un enfant, et trois autres arrêtées.

Par ailleurs, Israël a mené dans la nuit un raid aérien sur Gaza après le tir de deux roquettes vers le sud d'Israël, interceptées, selon l'armée. Quatre personnes, dont une fillette de trois ans, ont été blessées.

Le cabinet de sécurité israélien s'est réuni lundi autour de M. Nétanyahou pour discuter de nouvelles mesures contre le Hamas et ses dirigeants, selon les médias. Un responsable cité par le journal Haaretz a affirmé que le ministère de la Justice étudiait les possibilités légales d'expulser des membres du Hamas vers Gaza.

Selon des commentateurs, Israël, hostile à la réconciliation entre le Hamas et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dirigée par M. Abbas, qui a donné naissance le 2 juin à un gouvernement composé de personnalités indépendantes, tire parti de ce déploiement sécuritaire pour démanteler la structure du Hamas en Cisjordanie.

Aux États-Unis, le département d'État a proposé son «assistance pour essayer de retrouver au plus vite les adolescents enlevés» et le secrétaire d'État John Kerry a parlé au téléphone avec M. Nétanyahou. Et à New York, 200 personnes ont manifesté devant le consulat d'Israël en faveur des adolescents enlevés.