Le ministre israélien des Finances a critiqué dimanche la construction de colonies dans des régions éloignées de la Cisjordanie comme étant un gaspillage d'argent et a menacé de faire éclater la coalition gouvernementale au pouvoir si celle-ci écoutait les appels de la ligne dure pour annexer ces emplacements.

Le discours sévère du ministre Yair Lapid souligne les divisions au sein du gouvernement israélien à la suite de l'effondrement des négociations de paix avec les Palestiniens sous gouverne américaine, il y a un peu plus d'un mois. Le gouvernement n'a pas été en mesure d'en arriver à une réponse cohérente, tout en échouant à rassembler l'opposition internationale envers un nouveau cabinet palestinien d'union nationale.

S'exprimant dans le cadre d'une conférence sur la sécurité dans la ville côtière d'Herzliya, M. Lapid a pressé le gouvernement de reprendre l'initiative sur le plan diplomatique et de présenter son propre plan de paix. Il a ajouté qu'Israël devrait se retirer des régions vides de la Cisjordanie, puis démanteler les colonies installées dans les zones isolées, avant de préciser que le gouvernement devrait présenter une carte identifiant clairement ces endroits.

Pour le ministre, il n'y a «aucune raison» de continuer de construire ces colonies dans des endroits qui ne feront pas partie de l'État hébreu dans le cadre d'un futur plan de paix, et de continuer d'investir «des milliards» dans des infrastructures qui finiront par être «des cadeaux» pour les Palestiniens.

Il a toutefois dit qu'il soutenait toujours la construction de logements dans les colonies qu'Israël s'attend à conserver, mais que le développement dans des zones isolées avait nui à l'image internationale du pays.

Selon le ministre, ce plan n'est qu'une étape intérimaire, et que le tracé final des frontières devrait être établi dans le cadre de négociations avec les Palestiniens.

Ceux-ci réclament l'ensemble de la Cisjordanie, ainsi que Jérusalem-Est et la Bande de Gaza, pour former un État indépendant. Israël a conquis toutes ces zones lors de la Guerre de 1967.

De son côté, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou rejette un tel retour aux frontières d'avant 1967. Depuis l'effondrement des négociations, à la fin avril, les deux parties se sont échangé des blâmes.

M. Nétanyahou a dit qu'il soutenait la création d'un État palestinien afin de préserver la majorité juive israélienne, bien qu'il n'ait pas indiqué comment il pensait procéder.

Alors que M. Lapid a pressé le gouvernement d'agir sur le plan diplomatique, le Parti du foyer juif (droite), a plutôt demandé l'annexion des colonies de Cisjordanie, un geste qui déclencherait des condamnations sur la scène internationale.

Le ministre Lapid a indiqué que s'il y avait une tentative d'annexer «ne serait-ce qu'une seule colonie de façon unilatérale», son parti Yesh Atid «quitterait non seulement le gouvernement, mais le ferait aussi tomber». Cette formation est la deuxième plus importante au sein de la coalition, et son retrait priverait M. Nétanyahou de sa majorité parlementaire.

Alors que les efforts de paix sont suspendus, le président palestinien Mahmoud Abbas a formé un nouveau gouvernement d'unité pour mettre fin à un schisme de sept ans entre le Fatah et le groupe militant Hamas.

Si l'Occident, comme Israël, considère le Hamas comme un groupe terroriste, les diverses chancelleries ont accepté les assurances de M. Abbas selon lesquelles ce nouveau cabinet suivrait un programme pacifiste. Israël refuse de reconnaître ce nouveau gouvernement.

Soulignant l'isolement de M. Nétanyahou, le pape François a reçu dimanche MM. Abbas et Nétanyahou pour une veillée de prières spéciale.