Six Iraniens, soupçonnés d'avoir publié sur Internet une version de la chanson Happy de Pharrell Williams, ont été arrêtés en Iran pour avoir «heurté la chasteté du public», a annoncé mardi la police iranienne.

La vidéo montre trois hommes et trois femmes, non voilées, chanter et danser dans les rues et sur les toits de Téhéran sur la musique du chanteur pop américain, auteur de la chanson Happy repris mondialement par les internautes.

Mais la vidéo a provoqué la colère des milieux conservateurs iraniens, estimant que les Iraniens, en particulier les jeunes, délaissent les valeurs islamiques pour se tourner vers un mode de vie plus occidental.

La loi islamique en vigueur en Iran depuis 1979 oblige les femmes à se couvrir de la tête aux pieds. Pour vérifier que les femmes respectent scrupuleusement les règles vestimentaires dans la rue, la police a créé il y a plus d'une dizaine d'années une unité de «moralité» qui n'hésite pas à imposer des amendes ou même à arrêter celles qui bravent la loi.

L'Internet est également filtré par les autorités iraniennes, qui bloquent la plupart des accès aux réseaux sociaux.

«Après [la diffusion d'] un clip vulgaire qui a heurté la chasteté du public sur Internet, la police a décidé d'identifier ceux impliqués dans ce clip», a affirmé le chef de la police de Téhéran, Hossein Sajedinia, cité par l'agence Isna.

L'enquête avait été confiée à la police et au ministère du Renseignement, qui agissait «en coordination» avec l'Autorité judiciaire, a ajouté le responsable.

«Trois hommes et trois femmes ont été arrêtés» et ont «avoué leur acte criminel», a expliqué M. Dajedinia. Selon lui, la vidéo a été postée sur le web sans leur consentement par un couple qui les aurait piégés.

La question des libertés publiques et des droits des femmes est revenue au centre des débats depuis l'élection en juin 2013 du président Hassan Rohani.

Ce religieux modéré avait fait campagne pour davantage de libertés culturelle et sociale dans la République islamique. Il a notamment demandé à la police de faire preuve de tolérance au sujet du voile, mais les conservateurs dénoncent régulièrement le supposé laisser-aller des autorités concernant le port du voile ou les comportements jugés offensants pour l'islam d'une partie de la jeunesse.