Une dirigeante de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hanane Achraoui, a accusé mardi l'armée israélienne d'«exécution délibérée de deux adolescents» la semaine dernière en Cisjordanie occupée après la diffusion d'une vidéo de leur mort par l'ONG «Défense des Enfants-International».

La vidéo, visible sur le site de l'ONG et datée du jeudi 15 mai, montre deux jeunes Palestiniens marchant près de l'ombre d'un bâtiment avant de s'effondrer subitement, apparemment atteints par des tirs. Ces deux mineurs étaient ensuite décédés de leurs blessures.

Un porte-parole militaire israélien, le commandant Arye Shalicar, a indiqué que l'enquête de l'armée sur ces morts n'avait pas à ce stade «établi de tirs à balles réelles». «Ce film a été monté et ne reflète pas la réalité de la journée en question, de la violence», a-t-il expliqué.

De son côté, le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a affirmé à des journalistes qu'il «s'agissait d'un incident violent durant lequel des bouteilles incendiaires et des pierres ont été jetées sur des policiers qui, se sentant en danger, ont réagi comme ils devaient le faire». «Je connais ces méthodes de montages d'images», s'est défendu le ministre.

«Défense des Enfants-International» précise avoir obtenu ces images de vidéosurveillance filmées par des caméras installées sur le bâtiment le 15 mai, près de la prison militaire d'Ofer, où les deux jeunes, de 16 et 17 ans, ont été tués lors des manifestations pour la «Nakba (catastrophe en arabe) que représente pour les Palestiniens la création d'Israël en 1948 et la tragédie des réfugiés.

L'ONG israélienne de défense des droits de l'Homme B'Tselem a diffusé dans la soirée des images supplémentaires de la scène, affirmant que sa propre enquête réfutait la version de l'armée selon laquelle aucune munition réelle n'a été utilisée ce jour-là à Ofer.

Elle a précisé que deux autres Palestiniens, l'un de 15 ans et l'autre de 23 ans, avaient été touchés par balles réelles lors des mêmes incidents.

Après les heurts, l'armée israélienne avait déclaré avoir «utilisé des moyens anti-émeute et des balles caoutchoutées».

«Exécution délibérée»

Mais, selon un communiqué de B'Tselem, ses investigations ont «mis clairement en évidence que des balles réelles avaient été tirées et avaient atteint la partie supérieure du torse des quatre victimes».

«L'enquête, appuyée par les images de l'incident filmées par les caméras de sécurité, montre que les circonstances de l'incident ne justifiaient en aucune manière le recours à des tirs à balles réelles. Ces conclusions soulèvent de graves doutes que l'homicide était intentionnel», accuse B'Tselem.

Selon l'ONG, les expertises médicales qu'elle a recueillies confirment que la nature des blessures des quatre victimes correspond à des blessures par balles réelles, qui ne sauraient avoir été causées par des projectiles caoutchoutés.

«Les images des caméras de sécurité (...) prouvent qu'à aucun moment les forces de sécurité n'étaient mises en danger par aucune des quatre victimes, ou par quiconque près d'elles au moment des tirs», conclut B'Tselem qui réclame une enquête de la police militaire, y compris sur la responsabilité des officiers supérieurs présent sur place à Ofer.

Dans un communiqué, Mme Achraoui «condamne l'exécution délibérée de deux adolescents palestiniens», affirmant que «les deux garçons étaient non armés et ne présentaient de menace ni directe ni immédiate».

«Le recours d'Israël à la violence excessive et aveugle et aux balles réelles contre des manifestations palestiniennes non violentes constitue un crime de guerre et un crime contre l'humanité en vertu du droit international», a-t-elle accusé.

Par ailleurs, le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les affaires politiques, Oscar Fernandez-Taranco a réclamé mardi aux autorités israéliennes une enquête «indépendante et transparente» sur le décès des deux mineurs palestiniens, pressant Israël de «s'assurer que ses forces de sécurité respectent strictement les principes de base sur le recours à la force et aux armes à feu».

Amnesty International avait déjà accusé les forces israéliennes d'«usage excessif de la force, y compris mortelle, en riposte à des lanceurs de pierres qui ne pouvaient pas constituer une menace pour la vie des soldats et des policiers dans ou autour du camp militaire fortifié».