Les talibans afghans ont lancé lundi leur offensive de printemps en menant une série d'attaques à travers le pays qui ont fait au moins dix morts et endommagé du matériel sur la base américaine de Bagram, ont indiqué des responsables locaux.

L'offensive de printemps débute traditionnellement à la fonte des neiges qui entravent les déplacements des insurgés et s'achève à l'automne. Elle se traduit par une intensification des attaques des rebelles islamistes contre le gouvernement de Kaboul et ses alliés de l'OTAN.

Lundi matin à Jalalabad, la grande ville de l'Est afghan, un commando-suicide a réussi à pénétrer dans le ministère de la Justice du gouvernement provincial, échangeant des tirs avec les forces de sécurité pendant plusieurs heures avant d'être neutralisé.

Outre les trois assaillants, sept personnes ont été tuées, dont trois employés du ministère, deux policiers et un jeune de 15 ans, a déclaré lors d'une conférence de presse le chef de la police locale, Abdul Rauf Uruzgani.

À Ghazni (centre), au moins trois personnes ont été tuées et huit blessées dans une série d'attaques menées par les insurgés, a indiqué le vice-gouverneur provincial, Mohammad Ali Ahmadi.

Les talibans ont visé des postes de sécurité de la police, mais aussi tiré des roquettes sur les bureaux de l'administration locale.

Dans la capitale, Kaboul, «deux roquettes ont été tirées vers le nord de l'aéroport international», a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Sediq Sediqqi, affirmant que l'attaque n'avait pas fait de victime.

L'aéroport de la gigantesque base de Bagram, un complexe militaire sous contrôle américain au nord de Kaboul, a également été visé par des tirs de roquettes, a indiqué de son côté la Force de l'OTAN en Afghanistan (ISAF).

«Un bâtiment vide et quelques équipements ont été endommagés, mais il n'y a pas de victimes», a dit un porte-parole de la coalition.

L'insurrection pourrait l'emporter

Et dans le Helmand (sud), avant même le lancement de l'offensive de printemps, «trois policiers afghans» avaient été tués dimanche soir lors de l'attaque d'un poste de sécurité par des talibans, selon le gouverneur de la province, Omar Zwak.

Les talibans, qui ont revendiqué ces attaques sur les réseaux sociaux, avaient prévenu dès jeudi que leur opération viserait «principalement les envahisseurs étrangers et ceux qui les soutiennent».

Baptisée cette année «opération Khaïbar», en référence à une victoire emblématique des musulmans sur les juifs dans les premières années de l'islam, l'offensive de printemps débute en plein entre-deux tours d'une élection présidentielle qui désignera le successeur d'Hamid Karzaï, au pouvoir depuis la fin 2001.

Chassés cette année-là par une coalition militaire internationale menée par les Américains, les talibans mènent depuis une insurrection sanglante que douze ans de présence militaire occidentale n'ont pas réussi à mater.

La persistance des violences suscite l'inquiétude alors que les 51 000 soldats de l'OTAN doivent quitter le pays d'ici à la fin de l'année.

«La tendance générale est à une hausse des violences et des attaques des insurgés», souligne l'Institut d'études International Crisis Group (ICG), basé à Bruxelles, dans un rapport publié lundi.

«Pour la première fois, les insurgés ont infligé en 2013 presque autant de pertes aux forces de sécurité afghanes qu'ils n'en ont subies eux-mêmes», ajoute l'ICG. «Il y a des craintes que la balance puisse pencher en faveur de l'insurrection, en particulier dans certaines zones rurales, à mesure que les troupes étrangères se retirent».